Cela devient tradition – la fin de mois qui sonne m’oblige à passer en revue…de presse, ces ouvrages qui s’empilent sur le bureau, sans que je n’aie pu leur prêter l’oeil souhaité. A dire vrai, je ne vois même plus les visiteurs entrer.
J’espère revenir sur l’un ou l’autre ( l’ardeur du facteur peut-être se calmera) mais pour ne pas vous priver de l’information, je vous en soumets pour chacun, l’argument que m’en a livré l’éditeur.
A tout seigneur, tout honneur, penchons-nous sur Bartabas, écuyer, metteur en scène et fondateur des célèbres spectacles équestres Zingaro.
» Bartabas signe un « Manifeste pour la vie d’artiste » et invite musicien, chorégraphe, plasticien, metteur en scène, comédien, mais aussi chef cuisinier, homme politique et torero… à en parler à ses côtés.
Loin de l’idée de bohême, ce Manifeste pour la vie d’artiste repose sur l’idée forte de l’engagement artistique. Il dévoile comment et jusqu’à quel point le dévouement d’un artiste à son oeuvre peut modifier sa manière de vivre, son quotidien, sa vie intime. Ainsi, Bartabas, pour être au plus près de ses chevaux, vit toujours dans une roulotte. Cet engagement à la fois physique et spirituel implique une éthique au quotidien, un investissement sans concession, autour duquel tout le reste vient s’organiser.
Quand l’oeuvre et la vie se confondent – par choix ou par nécessité – dans quelle mesure peut-on considérer que la pratique de l’art suppose un engagement total ? Et en quoi cet engagement artistique influence-t-il les modes de vie des artistes et leur production ?
Les invités de Bartabas, dans des contributions personnelles et intimes, nous font partager leur expérience de la vie artistique, avec ce qu’elle révèle de contraintes et de plaisir, mais surtout d’implication et d’engagement : Alexandre Tharaud (pianiste), Alain Passard (chef cuisinier), Ernest Pignon-Ernest (plasticien), Dominique Mercy (danseur), Jack Ralite (homme politique), Laurent Terzieff (comédien, portrait par André Velter), Pina Bausch (danseuse et chorégraphe), Alain Cavalier (cinéaste), Ko Murobushi (danseur), Christophe Soumillon (jockey), Chris Christiansen (jongleur), Luis Francisco Espla (torero). »
Bartabas, Manifeste pour la vie d’artiste, Editions Autrement, novembre 2012, 148 pp, 17 €
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Paru le 18 octobre, auprès des Editions Belfond: 22 Britannia Road, d’Amanda Hodgkinson, roman, traduit de l’anglais par Françoise Rose, 444 pages, 21 €
Ample et envoûtant, un premier roman qui entremêle les voix et les époques pour évoquer le déracinement, la force de l’amour et l’incroyable volonté de survie de ceux qui ont affronté les drames de l’Histoire.
22 Britannia Road : c’est ici que Janusz, soldat polonais réfugié en Angleterre, s’apprête à retrouver sa femme Silvana et leur fils Aurek. Après sept ans de séparation, un nouveau pays, une nouvelle adresse pour se reconstruire loin de la Pologne dévastée.
Mais sur le bateau qui la ramène, Silvana s’interroge : comment renouer le fil ? Et si Janusz ne les reconnaissait pas, elle et Aurek ? Et si l’amour n’était plus là ?
Car la guerre a laissé des traces. L’exode, la faim et la souffrance ont imprimé de la tristesse dans les yeux de Silvana. Sans parler de leur fils Aurek, muet et méfiant devant ce père qu’il nomme l’Ennemi. Face au malaise, Janusz choisit le silence.
Quelques lettres jaunies dans une boîte à chaussure, des soupçons qu’on refuse de formuler… Et un terrible secret qui pourrait bien détruire à jamais cette famille.
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« Venise 1575. Hannah Levi est réputée dans toute la ville pour ses talents d’accoucheuse – un don développé en secret par les « cuillers d’accouchement » qu’elle a mises au point. Par une nuit d’hiver, le comte Paolo di Padovani vient l’implorer d’assister sa femme, luttant depuis deux jours pour donner naissance à leur premier enfant et dont les forces s’épuisent. Hannah est partagée. La loi interdit aux Juifs de soigner les chrétiens et, si elle accepte, c’est toute sa communauté qu’elle met en danger. Mais la somme d’argent que lui propose le comte suffirait à payer la rançon de son époux bien-aimé, Isaac, retenu en otage sur l’île de Malte. Hannah accepte et aide la comtesse à mettre au monde un petit Matteo. Mais le choix d’Hannah va la précipiter dans une violente rivalité familiale qui met le bébé en danger et compromet son voyage à Malte où Isaac, la croyant morte de la peste, s’est décidé à entreprendre la traversée pour le Nouveau Monde, et ainsi entamer une nouvelle vie. »
La sage-femme de Venise, Roberta Rich, roman, MA Editions, Pôle roman, oct 2012, 286 pp, 15 €
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« Quand Amour, gloire et beauté rencontre Sexe, mensonges et vidéo…
Comment monter un film quand on vient d’en tuer le principal commanditaire et investisseur ? C’est le problème qui se pose avec acuité à un acteur américain assez obscur dans son pays, mais qui est le héros de « Ventura County », un soap opera qui passe toujours en prime time en France.
Ancien béret vert particulièrement violent, homme à femme frénétique, et doué d’un cynisme à faire trembler Diogènes lui-même, notre héros rencontre les obstacles les plus improbables pour réaliser ses noirs desseins… »
Nocturne le vendredi, thriller, Editions La Branche, coll. vendredi 13, novembre 2012, 236 pp, 15 €
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« Mieux vaut ne pas se frotter de trop près à Zoran… Les embrouilles lui collent à la peau. Et elles sont contagieuses.
Zoran est bipolaire. Sa vie est faite de moments de déprime profonde, entrecoupés de joies extatiques. Un déséquilibre périlleux qui le conduira, dans une pulsion rageuse, à tuer au nerf de boeuf son tatoueur, qu’il suspecte de lui avoir refilé le Sida. Aubaine ou déveine, il trouve chez le bonhomme treize kilos de « Vendredi 13 », une came nouvelle génération, la Rolls-Royce de la défonce, qui se vend à prix d’or… Zoran tente d’écouler la poudre. Les embrouilles commencent.
Une armada de motards néo-nazis aux trousses, coincé entre le marteau de la mafia et l’enclume des flics, Zoran apprendra à ses dépens que nul ne s’improvise dealer ni porteflingue »
Tout du Tatou, Pierre Hanot, thriller, Ed. La Branche, coll. vendredi 13, nov 2012, 172 pp, 15 €
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Après le succès de Mississippi, Hillary Jordan revient avec un roman au suspense haletant, situé dans un futur proche effrayant de réalisme, un pamphlet virulent contre les dérives totalitaristes de nos sociétés puritaines et intolérantes.
Une Chrome. Une Rouge. Pour Hannah Payne, la sentence est tombée. Pendant seize ans, la jeune femme devra porter sur sa peau la couleur de son crime, celui d’avoir aimé un homme marié, un pasteur, et d’avoir supprimé le fruit de cette passion illégitime pour protéger son amant.
Mais dans une Amérique ou les droits des femmes sont niés, l’avortement est sévèrement puni. Ici, l’Église a pris le pas sur l’État et dicte sa loi implacable.
Aucun pardon, aucune réinsertion possibles : stigmatisée aux yeux de tous, rejetée par les siens, Hannah doit affronter la haine et la violence des hommes. Seule.
Centres de redressement, groupuscules extrémistes, pour les Chromes le danger est partout. Une solution : fuir. Mais ou ? Et comment ? Car dans un monde paranoïaque, à qui peut-on encore se fier ? »
Ecarlate, Hillary JORDAN, Traduit par Michèle ALBARET-MAATSCH, roman, oct 2012, 432 pp, 22 €
Au sud de la route de Paris : l’entreprise Pontgallet, tenue d’une main de fer par Marguerite, avec ses artisans, hommes de bonne volonté, venus chercher fortune sur le chantier. Au nord : Toussaint Delaforge, son associé Ravort et leurs sbires, les Sans aveux, experts en trafics : alcool, marchandises, corruption, filles de joie… Pourquoi tant d’affrontements, de batailles et de violences entre eux ? Quel secret nourrit chaque jour la vengeance qui les anime ?
Ville à feu et à sang, la loi du talion fait rage à Versailles, mais qui triomphera sur les terres du Roi ? »
« Octobre 1493. Quelques mois se sont écoulés depuis que Francesca a déjoué le complot du prêtre fou pour assassiner le pape, Rodrigo Borgia. La menace d’une guerre avec la France est toujours aussi présente et Borgia tente comme il le peut de peaufiner son alliance avec Leurs Majestés très catholiques, Ferdinand et Isabelle d’Espagne. Pour ce faire, il a envoyé son fils aîné Juan à la cour espagnole et a accueilli en échange leur neveu, Don Miguel de Herrera, qui voue aussitôt une profonde antipathie pour Francesca. En cet automne pluvieux, le pape a décidé de se rendre à Viterbe, officiellement pour y inspecter des fortifications. À peine sont-ils arrivés et installés au château que Francesca apprend qu’un assassin est en route pour Viterbe et projette de tuer Herrera pour déstabiliser Borgia. »
Francesca, La Maîtresse des Borgia – Tome III / Traduit de l’anglais par Patricia Barbe-Girault, roman historique, MA Editions, novembre 2012, 380pp, 20 €
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Limpide comme le circuit de notre ignorance en matière d’eau, paru le 5 octobre auprès des Editions Marivole,
Ca coule de source, Un roman sur l’eau, de Jean-Pierre Fleury, 185 pp, 20 €
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Bien d’accord avec vous Monsieur Lavoisier mais « qu’est-ce qui se transforme en quoi ? » s’inquiètent subitement, Basile et Augustin, deux vaillants petits soldats de La Guerre des Boutons. Tout en pissant le plus loin possible, afin de savoir lequel sera le chef, ils s’interrogent sur le devenir de ce liquide qu’ils font joyeusement jaillir de leurs en-dedans. Comme à chaque fois qu’ils sont confrontés à ces problèmes auxquels la pédagogie de leur instit’ ne sait pas apporter de réponses, c’est dans l’immense savoir et l’infinie patience de leur ami Anselme Saint-Galmier, un vieil ours bouilleur de cru et accessoirement physicien nobélisable, qu’ils se réfugient. Le bonhomme a sa méthode, il s’en voudrait d’être chiantifique. Armé de l’humour, la tendresse, la gourmandise de Pierre Dac, Henri Vincenot et Jacques Tati, il sait leur dire qu’il n’y a pas de vie possible sans eau, que les petits hommes qu’ils sont en sont remplis comme les plantes du jardin, les animaux de la ferme. Il leur apprend que l’eau de la vie est arrivée sur terre une bonne fois pour toute, le jour même de la création de leur univers. Que même les plus grands savants sont incapables dans fabriquer ne serait-ce qu’une goutte. Ils imaginent son trajet et ses malheurs, de la source à la mer, ainsi que son difficile retour vers la terre ; s’interrogent sur les erreurs de livraisons qui font ici les inondations, là-bas les sécheresses. Ils s’offusquent ensemble contre le gâchis, la pollution, contre ceux qui tirent la chasse d’eau au lieu de pisser dehors. Ils s’alarment du trou dans le ciel : sans le couvercle, la terre deviendrait aussi sèche que la lune une nuit d’été.
Ce livre peut être mis entre toutes les mains, et surtout celles de ces adultes qui s’efforcent de ne plus se poser de questions de peur de devoir changer leurs habitudes. Ils y verront comment tout cela est clair, limpide, enfantin. Ils y trouveront des réponses tellement évidentes et motivantes qu’ils ne se sentiront plus obligés de protéger leur égoïsme en proférant le déplorable : « Après moi, le déluge ! » Puisse cela aussi couler de source !
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Paru le 18 octobre, aux Editions Belfond, L’aubépine rouge de Ai Mi (traduit du chinois par François Sastourné), 480 pp, 21 €:
Sur fond de révolution culturelle, l’histoire d’amour impossible entre deux adolescents que tout sépare. Un roman bouleversant, le livre culte de la jeunesse chinoise.
Fille d’une famille d’intellectuels disgraciés par le Parti, Jing Qiu, tout juste quinze ans, est envoyée à la campagne pour prouver sa valeur et sa droiture. C’est là qu’elle rencontre le beau Lao San, fils d’un général de l’armée.
Irrésistiblement attirée par ce garçon qui joue de l’accordéon, chante des chansons russes interdites et n’hésite pas à critiquer le gouvernement, Jing Qiu lutte pourtant farouchement contre ses sentiments. Car l’amour romantique, concept petit-bourgeois par excellence, sont sévèrement condamnées par le régime.
Mais la jeune fille est loin de se douter de ce que Lao San va entreprendre pour tromper la surveillance de leurs familles et du Parti, et lui prouver son amour. Au risque de mettre en danger celle qu’il aime…
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Souscrivant à l’assez nouvelle collection des romans de gare, chez Luc Pire, l’actrice et romancère, Véronique Biefnot nous emmène dans les ruines (belges) de l’abbaye de Villers-la-Ville
« Gaya Dewaele, trente ans et célibataire, dirige une société qui produit de fabuleux spectacles à Villers-la-Ville. Traumatisée par un accident de la route qui lui a valu nombre de séjours à l’hôpital, elle fuit toute intimité, tout contact physique. Solitaire et farouche, elle consacre son énergie au travail, dévorée par l’ambition et le souci de perfection. Gaya traverse les ruines magiques de Villers comme elle traverse la vie, sans rien en voir, sans rien en retirer. Pourtant, la découverte inopinée d’un anneau d’or puis d’un souterrain oublié vont bouleverser son existence et éveiller sa sensualité. Et si le monde des hommes était plus tendre que ne le croit Gaya ? »
Sous les ruines de Villers, Véronique Biefnot, roman (de gare), Luc Pire éditions, mai 2012, 144 pp, 10 €
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« Deux femmes se parlent. Deux Iraniennes. La première, née après la révolution de 1979, et qui n’a connu que le régime islamique, est une jeune comédienne au succès grandissant. La seconde, écrivain reconnu, a grandi dans l’Iran du Shah.
Nous les suivons pas à pas dans leur vie quotidienne. La première raconte son enfance, sa découverte de l’amour, ses engagements politiques, ses démêlés avec la censure, son exil. La seconde, installée à Paris depuis trente ans, se souvient de l’Iran de sa jeunesse où elle pouvait se promener sans foulard et en minijupe.
Un roman à deux voix se construit, drôle, pathétique, violent, doux parfois. Les deux femmes confrontent leur passé et leur présent, se racontent et racontent la vie des femmes dans l’Iran d’aujourd’hui.
Dans ce livre bouleversant qui ne ressemble à aucun autre, Nahal Tajadod retrouve les accents de vérité qui ont fait le succès de Passeport à l’iranienne »
Elle joue, Nahal Tajadod, roman, Albin Michel, oct.2012, 384 pp, 20,9 €
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« Giovanni Sanfilippo vit dans la banlieue industrielle de Liège où son père travaille comme ouvrier mineur. La nostalgie de Palerme et de la Sicile ne cesse de l’habiter, mais il quitte Liège pour Paris où il fréquente les hussards dès les années 60. Il s’installe dans le quartier des Halles qui lui rappelle par son animation et ses bruits le vieux Palerme. Il s’occupe activement de son frère Lorenzo qui s’est fait moine à Clervaux avant de quitter le monastère suite à la réforme liturgique. Il finit par épouser la fille d’un chef en fuite de Cosa nostra et rejoint Palerme en 1971.
Giovanni y devient avocat avant de s’abîmer dans « l’ombre des choses qui révèle davantage leur nature que les choses elles-mêmes », profession de foi littéraire et philosophique qui accompagne l’entrée progressive de Julien dans Cosa nostra dont il deviendra un des parrains.
La prose à la fois sèche et lyrique, ironique et élégante de René Swennen anime ce tourbillon d’évènements et de passions dans un style stendhalien qui n’est pas sans rappeler Le Guépard. »
L’Ombre de Palerme, René Swennen, roman, éditions Weyrich, août 2012, 196 pp, 15 €
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L’avocat montois Romain Balagne est emprisonné pour recel de malfaiteur. Le fait divers rappelle à Maxime Cordier qu’il a connu ce jeune homme épatant lors de ses années de collège. Surtout, Cordier se souvient de l’épouse de l’avocat, la belle Italienne Tina Costantini, dont il était secrètement amoureux. La tentation de retrouver celle qui hantait ses nuits d’adolescent va le conduire à rencontrer des personnages singuliers et le placer au coeur d’un étrange et tragique complot.
Plongée sans concession dans les coulisses du monde judiciaire, Le Passager des Cinq Visages est sans conteste le roman le plus sensible et le plus brillant de son auteur.
Le Passager des Cinq visages, Ghislain Cotton, roman, éd. Weyrich, août 2012, 122 pp, 14 €
Parmi cette liste, c’est Véronique Biefnot (dont je n’ai jamais entendu parler) et Ghislain Cotton qui m’attirent le plus, vu leur nationalité belge. J’espère que vous en parlerez un jour. Avez-vous déjà lu le nouveau recueil de nouvelles d’Eric-Emmanuel Schmitt? Est-ce que vous croyez qu’en tant que responsable d’un blog littéraire, je peux aussi recevoir certains livres de maisons d’édition? Si oui, comment dois-je m’y prendre?
Bon week-end Apolline.