Quatrième de couverture (1/2)

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J’ai beau pédaler d’arrache-pied sur mon vélo ..de lecture,  une trentaine de publications récentes ont échappé à mon intention…. Je vous dois au moins l’argument que m’en confia l’éditeur, vous engageant à vous faire votre propre opinion…

En deux volets, ces jeudi et vendredi, une première foulée d’intrigues séduisantes…

Publications de mars: 

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Au carrefour de la fable et de la nouvelle contemporaine, dix petits contes cruels, accompagnés de superbes illustrations de l’artiste Yuko Shimizu, revisités avec un soupçon de cynisme et une bonne dose d’humour noir par la prose douce-amère et l’acuité psychologique de Michael Cunningham.
On connaît la chanson : la Belle succombe au charme de la Bête, Hansel et Gretel échappent à la sorcière, le crapaud se change en prince sous le baiser de la princesse, et tous vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

Et puis… les années passent.

La Belle regrette-t-elle d’avoir épousé la Bête ? Que devient la sorcière, vieille et seule dans sa maison de pain d’épices ? Et la princesse ? Quelle est cette mélancolie qui la tenaille ? Ce manque qu’elle ne parvient pas à formuler ? Cette nostalgie d’un moment perdu qu’elle se rejoue encore et encore ; ce moment où, juste avant que ses lèvres ne se posent sur celles du crapaud, juste avant que la monstrueuse créature ne se transforme en prince charmant, tout était encore possible…

 Ils vécurent heureux, eurent beaucoup d’enfants et puis…, Michael Cunningham, roman, Ed. Belfond, mars 2016, 200 pp

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Au petit matin du 18 août 1936, non loin de Grenade, au lieu baptisé « ainadamar » – la fontaine aux larmes –, Federico García Lorca est lâchement assassiné par des phalangistes. Il meurt à l’âge de trente-huit ans, en compagnie de deux banderilleros anarchistes et d’un instituteur, chacun de ces hommes à sa manière engagé dans le renouveau républicain.
En de brefs et poignants chapitres, Serge Mestre retrace les sept dernières années de leurs vies.
En 1929, Federico García Lorca embarque pour New York : il laisse ses amis et ses tumultueuses amours, Dalí et Buñuel qui à ses yeux l’ont trahi, pour nourrir son inspiration à la source de la musique des Noirs de Harlem. Cuba, Buenos Aires, Montevideo seront les nouvelles étapes de ses voyages, sa réputation et ses succès littéraires allant croissant. De retour en Espagne, quand, en 1931, la République a chassé le roi, il prend la tête d’une troupe itinérante de théâtre, La Barraca, qui ira jouer dans les villages les plus reculés.
Pendant ce temps, les deux banderilleros militent pour une autre utopie, la totale refondation de la politique agraire du pays. L’instituteur, lui, se bat pour une école publique prenant modèle sur celle de la République de Weimar.
Inspirée, joyeuse, libre, la prose de Serge Mestre – dont le roman, et ce n’est pas sa moindre qualité, est un formidable hommage à l’œuvre de Lorca dont il se nourrit – parvient, à travers l’évocation de ces quatre destins, illustre ou anonymes, à rendre palpable le souffle d’espoir et de liberté qui souleva l’Espagne avant qu’elle ne sombre dans le silence.

Ainadamar, La fontaine aux larmes, Serge Mestre, roman, Ed Sabine Wespieser, mars 2016, 296 pp

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9782226323927m.jpg Stella mène une existence sans histoire dans un paisible quartier résidentiel de banlieue, avec son mari et sa fillette de quatre ans. Un jour, un inconnu sonne à sa porte. Elle ne l’a jamais vu, il veut lui parler, il insiste. Pour Stella, c’est le début d’un cauchemar. Mais à la peur légitime se mêlent des sentiments plus troubles. Peu à peu, insidieusement, cet homme remet en question les fondements mêmes de sa vie.
 
Avec Au début de l’amour, Judith Hermann, l’une des grandes voix de la littérature allemande d’aujourd’hui, publie son premier roman après trois recueils de nouvelles. Tendu par un véritable suspense, marqué par sa voix grave et profonde, il rassemble avec maestria tous les thèmes chers à l’auteur de Maison d’été, plus tard, et analyse avec une acuité fascinante les ambiguïtés de l’amour, le deuil impossible de la jeunesse et le nécessaire apprentissage de la sagesse.

Au début de l’amour, Judith Hermann, roman traduit de l’allemand par Dominique Autrand, coll.  » Grandes traductions », mars 2016, 220 pp

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Un appartement dans les beaux quartiers, un métier envié, une vie plutôt agréable. Sous la façade, on sent pourtant que quelque chose ne va pas. La narratrice semble aussi étrangère à son environnement qu’à elle-même. Quand son père meurt, dans une cité HLM de banlieue, c’est tout un pan de la façade qui s’écroule pour lui renvoyer une autre image de son histoire. Le récit bascule pour nous entraîner de l’autre côté de la méditerranée à travers les tribulations mi-tragiques, mi-burlesques du cercueil paternel, qui décidément, s’avère être un fardeau.
 
Dans un style limpide, truffé de dérision, ce roman utilise tous les ressorts de la fiction pour évoquer les questions ô combien actuelles de l’appartenance sociale et culturelle en évitant le pathos, la démonstration ou la morale.
 
Effacer sa trace, Malika Wagner, roman, Ed. Albin Michel, mars 2016, 192 pp
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 Passons à avril: 
 
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C’est à Paris qu’il fait la connaissance de Mette, riche héritière danoise. Éprise de l’écrivain paumé, elle va le soutenir. Jusqu’à ce que, lasse de ses éternels doutes, elle reprenne le chemin de Copenhague avec leur fille. Exilé à Bruxelles, il se console dans les bras d’une jeune étudiante. L’ennui le guette pourtant. Il lui est apparemment aussi difficile de s’engager affectivement que de trouver un éditeur. La rencontre inopinée avec Noël Cluzat, directeur de la maison du même nom, est-elle une aubaine ?
Des mondains germanopratins aux losers de la capitale belge, de petits boulots en grandes désillusions, Perdre le nord est la chronique caustique du vagabondage d’un auteur en quête de sens aux prises avec un monde de l’édition sans pitié.
Perdre le nord, Basile Parnugias, roman, Ed. Héloïse d’Ormesson, avril 2016, 208 pp