Méthodologie sévignéenne

Méthodologie sévignéenne

 

  A Paris, vendredi 11 mars [1672]

 

 »  J’ai entrepris de vous écrire aujourd’hui la plus petite lettre du monde ; nous verrons. Ce qui rend celles du mercredi un peu infinies, c’est que je reçois le lundi une de vos lettres ; j’y fais un commencement de réponse à la chaude. Le mardi, s’il y a quelque affaire ou quelque nouvelle, je reprends ma lettre et je vous mande ce que j’en sais. Le mercredi, je reçois encore une lettre de vous ; j’y fais réponse et je finis par là. Vous voyez bien que cela compose un volume. Quelquefois même il arrive une singulière chose, c’est qu’oubliant ce que je vous ai mandé au commencement de ma lettre, j’y reviens encore à la fin, parce que je ne relis ma lettre qu’après qu’elle est faite, et quand je m’aperçois de ces répétitions, je fais une grimace épouvantable. Mais il n’en est autre chose, car il est tard ; je ne sais point raccommoder et je fais mon paquet. Je vous mande cela une fois pour toutes pour que vous excusiez cette radoterie »

     

Extrait de Madame de Sévigné – Correspondance (I) (mars 1646-juillet 1675) – texte établi, présenté et annoté par Roger Duchêne, Gallimard, La Pléiade  (1972)