La magie des madeleines a encore frappé, pour cette sixième édition du concept, avec une touche orientale, puisque l’invité en était l’écrivain franco-égyptien, Gilbert Sinoué, cosmopolite , par l’allègre pratique du français, néerlandais et italien, de lecteurs animés par une même passion pour l’auteur.
Le débat, animé par Nicky Depasse, porta, bien sûr, sur La dame à la lampe, dernier ouvrage en date de l’auteur (voir chronique). Et ce dernier de tracer le portrait d’une femme mystique, véritable créatrice du métier d’infirmière décrié jusqu’alors. L’amour universel qu’elle portait à l’Humanité ne la rendait cependant pas encline à s’épancher dans des relations individuelles. On peut même affirmer qu’elle avait un sale caractère. La qualification d' »emm.. » par un Gilbert Sinoué qui ne mâche pas ses mots, indique que le récit ne verse pas dans une hagiographie dévote et révèle, par là-même, son intérêt prodigieux.
Le débat s’orienta ensuite vers ce que Gilbert Sinoué qualifie d’obsession vitale, l’existence d’un Dieu unique. Ce qui ne l’empêche de proférer la thèse « iconoclaste » que « Le monothéisme a été la plus grande catastrophe de l’Humanité. »
La dégustation des madeleines fut l’occasion de découvrir le fameux kebbé, plat à base de viandes d’agneau et de boeuf, d’oignons hachés et de boulghour, délicieusement humecté de sauce et de concombres baignés de yaourt et d’aneth . Et la tablée de plonger dans les délices d’une enfance égyptienne meveilleusement contée par la voix envoûtante de l’écrivain. Valeur proustienne ajoutée, c’est l’acoustique et plus précisément le son du pilon broyant les viandes et ingrédients dans le mortier qui jaillit de l’évocation de ce kebbé d’enfance.
Une mention pour l’excellence des mets et l’inventivité dont fit une nouvelle fois montre le chef du restaurant « L’Epicerie » (Le Méridien)
La culture de Gilbert Sinoué, doublée d’une ouverture époustoufflante sur le monde arabe – ses propos subjuguèrent la tablée – s’accompagne d’une courtoisie, d’une gentillesse qui ont pour corollaire une vraie attention à ses interlocuteurs. La qualité est rare.
Et les convives d’écouter Madame Bertin, venue tout droit de Bruges, déclarer la passion qui la saisit autrefois, à la lecture de L’enfant de Bruges, et la mention du Prinsenhof. Commencée à 22 heures la lecture de l’ouvrage tint la fervente lectrice éveillée toute la nuit pour s’achever, l’aube levée.
Marie-Jo Bertin (Le Prinsenhof, Brugge)
le rituel du tremper de la madeleine subit une révolution iconoclaste par une factieuse plongée dans le vin.
La soirée s’acheva par la séance de signatures.
La conclusion somptueuse de modestie et d’humour conjugués – traits marquants de l’écrivain – revient à celui-ci :
« Ce soir, quand je vais monter dans ma chambre, je vais me prendre pour un écrivain«
Merci Gilbert Sinoué.
Apolline Elter
Anne et Phillipe HERBOTS
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