» Je voudrais bien savoir comment je ferais si votre écriture ressemblait à celle de d’Hacqueville. La force de l’amitié me la déchiffrerait-elle? en vérité, je ne le crois quasi pas.
On conte pourtant des histoires là-dessus, mais enfin, j’aime fort d’Hacqueville, et cependant je ne puis m’accoutumer à son écriture. Je ne vois goutte dans ce qu’il me mande; <il me semble qu’il parle dans un pot cassé.> Je tiraille, je devine, je dis un mot pour un autre, et puis, quand le sens m’échappe, je me mets en colère et je jette tout. Je vous dis tout ceci en secret. Je ne voudrais pas qu’il sût les peines qu’il me donne; il croit que son écriture est moulée. Mais vous qui parlez, mandez-moi comment vous vous en accommodez. »
Lettre à Madame de Grignan, Aux Rochers, dimanche 5 juillet 1671
in Madame de Sévigné, Correspondance, Texte établi, présenté et annoté par Roger Duchêne, Gallimard, La Pléiade I (mars 1646- juillet 1675)
Intéressant à savoir.
Merci pour cette extrait de correspondance qui m’a fais beaucoup rire sur les potins de Madame de Sévigné.
Marie.
j’ai un élève friandise qui écrit cependant comme d’Hacqueville…
mais lui, il ne se fait pas l’illusion que son écriture est « moulée » 😉
(parler dans un pot cassé, belle expression! je vais peut-être m’en servir :-))
Merci pour vos commentaires que je répercuterai à notre chère marquise. Entendu, chères visiteuses, que tout cela reste entre nous. Le sieur d »Hacqueville pourrait s’en offusquer, nous ne voudrions pas le vexer… et votre « élève -friandise » aussi,chère Adrienne. A mon tour de savourer l’expression…
Bien amicalement, Apolline
l’expression n’est pas de moi mais de Daniel Pennac (dans Chagrin d’école)
bonne soirée!
Votre honnêteté est à votre honneur, Adrienne, rendons à Daniel, ce qui lui appartient. L’expression est très belle. Belle soirée à vous aussi! Apolline