Connaissez-vous gourmandise plus estivale que cet opus signé de la plume jubilatoire de Philippe Beaussant, célèbre musicologue, écrivain et académicien.
Spécialiste du baroque -il a fondé le Centre de musique baroque de Versailles – l’écrivain traque les correspondances -alléchantes – entre la musique et la gastronomie, entendons, les sons et les goûts. Il invite, dès lors, une cinquantaine d’interprètes, chefs d’orchestre, musiciens baroques…de son entourage mondial à décliner leurs recettes-fétiches, s’instituant « organisateur de ce festival hors de l’espace et du temps: la cuisine des baroqueux« .
L’aveu d’une prédilection pour la cuisine du Sud-Ouest et ses plats longuement mijotés lui enjoint de livrer quelques recettes ancestrales de derrière les fagots, ses chou farci aux châtaignes, lapin aux pruneaux et autres fameux lapins ..sans oublier les tourtes dont il déplore la faveur déclinante.
S’attachant à François Couperin et au Cuisinier françois (de La Varenne), dressé dans son inventaire posthume, Philippe Beaussant reconstitue des recettes du XVIIe siècle, commentaires à l’appui.
Un tour du monde s’entame alors par le biais des missives et recettes envoyées par les grands noms des interprètes baroques contemporains, Marie Leonhardt, Edwige Bourdy, William Christie, Olivier Schneebeli, Jean-Claude Malgoire, Reinhard Geobel… qui fait place belle à la cuisine italienne:
» C’est clair, la musique baroque vient d’Italie. L’Europe en a fait ce qu’elle a voulu (…) ma la matière, la manière venaient de Naples, de Rome, de Florence, de Venise.
Il était temps que la musique baroque d’aujourd’hui revienne à ses sources et que les Italiens prennent les choses en main »
[La cuisine quant à elle] « est infiniment diverse, comme les paysages (…). Elle se fait au beurre, parfois; elle est onctueuse et crémeuse; elle ne met pas de tomate partout; elle se régale de polenta; elle concocte les plus sublimes fumaisons qu’ils soient »
Apolline Elter
Mangez baroque et restez mince, Philippe Beaussant, actes sud, 1999 (rééditions, Babel), 286 pp, 16,77 €
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