De séjour à New York durant l’été 2012, la narratrice se prend d’intérêt et de fascination pour le cas d’ Albert Dadas (1860-1907) , un » fou fugueur », atteint, en d’autres termes, de « dromomanie », pathologie qui se manifeste par des « poussées de marches« , un constant, irrépressible besoin de se déplacer, de voyager.
L’investigation la mène rapidement à évoquer son père, exilé du Vietnam à Paris, dans les années 60. Ingénieur informatique, père modèle et aimant, il a vu périr, en son pays, sa proche famille, père, grand-père et même fratrie. Il a enfoui toutes ses images en lui, n’offrant aux siens que le silence dans lequel il veut enfermer ses souvenirs. De son métier, enregistreuse de sons, Line, la narratrice, tente de décoder le silence paternel, de le faire parler.
Reviennent à la surface des souvenirs de toute une vie, d’une jeunesse malmenée par les conflits incessants qui secouent le Vietnam de l’époque, depuis la fin de la domination française d’Indochine, jusqu’à la chute de Saïgon en 1975.
Récit d’exils successifs et de la quête d’identité et du « chez moi » corollaires, le roman de Minh Tran Huy résonne comme un vibrant hommage au destin de son propre père.
« L’impression née de ce premier voyage ne m’a jamais quittée: par la suite, je me suis demandé si mon père, enfant réfugié, parent pauvre, étudiant étranger, travailleur expatrié, touriste en son propre pays, s’était jamais senti à sa place quelque part.«
Voyageur malgré lui, Minh Tran Huy, roman, Ed. Flammarion, août 2014, 240 pp
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