» Tenons–nous-en à ces quelques lambeaux pourpres de biographie, qui ne font pas vraiment vie. Ces mois, ces années se perdent à nos yeux trop distants dans un flou, une brume plus artistique encore que celles qui ombrent les photos de la vieille Cameron. Ce qui est certain c’est qu’à chaque instant de ces années-là, pater et mater familias font leur devoir selon ce que leur conscience leur dicte, c’est qu’à chaque automne les feuilles elles aussi font leur devoir et tombent. «
Tel est le parti-pris de ce roman biographique, magistrale introspection de la jeunesse de Ginia, genèse de Virginia Woolf (1882-1941) la célèbre écrivain anglaise: cheminer avec le lecteur, l’associer à la cueillette d’éélements biographiques, démarche d’investigation qui procède de questions, d’impressions et tente de cerner l’âme de la romancière.
Le rendu en est tout simplement fabuleux.
Née le 25 janvier 1882 de l’union de deux veufs Leslie et Julia, Adeline Virginia Alexandra STEPHEN se profile rapidement « Ginia » au fil des années qu’égrène le chapelet des chapitres. Elle se choisit le pseudonyme de « Miss Jan’ pour ses travaux – précoces – d »écriture; L’adopttion d’un journal intime, en 1897, la consacre peu à peu « Virginia » , consignant ses ambivalences, la complexité de l’époque et d’un tempérament qui fera d’elle un auteur singulièrement contemporain .
La « biographie subjective », eminemment suggestive, se conclut en 1904 – l’année de ses 22 ans – tandis que Virginia dépose dans une boîte aux lettres l’article rédigé pour le Guardian et que « Les feuillets tombent vers sa vie future« .
Virginia, Emmanuelle Favier, roman, Ed. Albin Michel, août 2019, 300 pp