Déjà frappé du Prix du prix du roman Fnac, le roman de Jean-Baptiste Andréa figure dans plusieurs listes des prix d’automne.
Il déploie, quelque six cents pages et trente années durant, l’amitié fascinée, amoureuse, envoûtante qui unit Viola, Orcini fantasque aristocrate de Pietra d’Alba à Michelangelo Vitaliani, as Mimo, apprenti sculpteur.
Il déploie, de concert, une magnifique vision de l’art et de la connivence de la matière avec l’artiste.
Nés en novembre 1904, Viola et Mimo, se rencontrent, enfants, prétendument jumeaux astraux; un gouffre social les sépare qui n’aura pas raison de leur relation, malgré ses nombreuses fluctuations.
« Viola me tendit la main et je la pris, et c’est à cet instant précis que je devins sculpteur. Je n’eus pas conscience du changement, bien sûr. Mais c’est à ce moment, de nos paumes alliées dans cette cabale de sous-bois et de chouettes, que me vint l’intuition qu’il y avait quelque chose à sculpter. »
Viola veut voler, se fracasse et se casse, cadenassée par son milieu tandis que Mimo révèle au fil des ans l’immense talent de sculpteur qui le rendra célèbre et riche.
Porté par une thématique, un souffle d’écriture qui ne sont pas sans rappeler Ma Reine, du même Jean-Baptiste André ( Ed L’Iconoclaste, 2017 – chronique sur ce site) et les merveilleux « Cerfs-volants » de Romain Gary, le roman se fait fresque, qui tisse en toile de fond, le destin politique de l’Italie, en cette première moitié du XXe siècle et l’arrivée au pouvoir de Mussolini.
Mimo se retire dans une abbaye, les quarante dernières années de sa vie, pour veiller sur une Pietà – la sienne – particulière et très chère….
Apolline Elter
Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andréa, roman, Ed. de L’Iconoclaste, août 2023, 592 pp
- Version audiolivresque : Ed Lizzie, texte intégral lu par Léo Dussolier, Lila Tamazit. Durée d’écoute 12 h et 53 min – Recommandée également
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