Une vie. La vie de Simone Veil.
Pour ses quatre-vingts ans, fêtés le 13 juillet 2007, Simone Veil, née Simone Jacob, raconte sa vie politique, ses engagements à la lueur des circonstances tragiques qui ont mis fin à une enfance familiale sereine et affectueuse : la déportation à Birkenau (Auschwitz).
Le récit de l’enfer est sobre, pudique.
"La logique des camps est implacable" (p 74 )Quelques – rares -adjuvants atténuent la cruauté de la tragédie, mais si peu. La Libération en 1945 ne signe pas la fin du calvaire : les anciens détenus sont mis en quarantaine – isole ment dû notamment à l’épidémie de typhus qui emportera la maman de Simone Veil, à la veille de la Libération – et puis ils suscitent une injuste méfiance qui n’est peut-être que le reflet d’une mauvaise conscience latente:
"Pendant longtemps, ils ont dérangé. Beaucoup de nos compatriotes voulaient à tout prix oublier ce à quoi nous ne pouvions nous arracher; ce qui, en nous, est gravé à vie. Nous souhaitions en parler, et on ne voulait pas nous écouter." (p 99)
Désormais, Simone Veil a une vie à construire.
Elle fera Sciences-Po, se mariera, à l’automne 1946, avec Antoine Veil dont elle aura trois fils, Jean, Nicolas (décédé il y a peu) et Pierre-François.
Après un passage dans la magistrature (1954), elle est propulsée conseiller technique au cabinet de René Pelven, Ministre de la Justice sous le gouvernement Pompidou. C’est alors que commence la carrière politique de cette grande dame, centriste, laïque, rendue célèbre par son combat en faveur de l’IVG, ses engagements pour la construction de l’ Europe – illustrés par treize années de présence au Parlement européen dont trente mois de présidence – son bail de neuf ans au sein du Conseil constitutionnel, sa réticence à s’inféoder à un parti précis – à l’exception d’un récent et court passage au sein de l’UDF. Un leit-motiv : la loyauté et le refus de la langue de bois.
C’est ainsi qu’à travers les quelque 250 pages consacrées à sa longue vie – plutôt que carrière – politique, Simone Veil nous donne tout de go, sans ambages ni précautions oratoires, son interprétation des faits, sa vision des personnes qui ont émaillé la vie politique de ces cinquante dernières années. Nous lui savons gré de cette fresque hautement instructive.
Une vie. Une vie loyale. Une vie au service du bien public.
Apolline Elter
Une vie. Simone Veil, Stock, Paris, novembre 2007, 400pp (annexes comprises).
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