« Il a murmuré ça contre mon oreille et je me suis dit que c’était ma minute d’éternité, celle à laquelle tout le monde a droit, la part accordée par les anges, qu’on appelle ça du bonheur ou autrement n’avait pas d’importance, alors j’ai niché ma main dans la sienne, j’ai blotti l’autre sur son épaule, ma joue a frôlé sa joue, j’ai respiré à fond, entre le col et le visage, la fragrance intime de cet homme qui me troublait depuis que j’étais gamine, et j’ai décidé que le temps d’une danse j’allais être pleinement et parfaitement heureuse. »
Revenue, le temps d’un séjour hivernal, en son village natal de Val-des-Seuls, en Vanoise, Carole tient le journal de ses observations.
» Je suis née ici, d’un ventre et de ce lieu »
Coincée entre un frère aîné, Philippe et une sœur, cadette, Gaby, elle renoue peu à peu les relations familiales et amicales, affronte leurs non-dits tandis que la fratrie attend l’arrivée , très hypothétique, de Curtil, le père. Et de l’espérer sans y croire ..comme on attend (toujours) Godot..
Consignant avec une précision rigoureuse faits, gestes et nombreux flashbacks , Claudie Gallay prend le temps de restituer l’ambiance, de peindre atmosphère et lieux de touches nuancées, répétées, éloquentes et de permettre au temps , celui de la lecture, de se déployer sans compter…
Une part de ciel, Claudie Gallay, roman, Ed. Actes Sud, août 2013, 448 p, 22 €
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