À présent, l’enfer n’est même plus une option.
L’enfer, c’est ce que vit Nour Delsaux, jeune assistante de rédaction auprès du journal Le Monde, après avoir écrasé par inadvertance Constance Rodriguez
C’est ce que vit aussi Yarol Ponthus, père de Constance et prisonnier de longue peine à Saint-Rémy, qui vit sa proche libération avec un effroi décuplé par la disparition de sa fille: personne ne l’attend à la sortie.
Une situation contrariante également pour la carrière du ministre de l’Industrie et potentiel beau-père de Nour…
Engluée dans le marasme d’une conscience agitée Nour reçoit une lettre de Yarol, l’invitant à une rencontre au sein de la prison
« Officiellement, la société a désengagé Nour de ses responsabilités, mais il lui reste les vastes étendues de sa propre culpabilité. A-t-elle intérêt à accepter la requête de cet inconnu qui pourrait être tenté d’ajouter, à sa profonde blessure, un supplément d’infamie ? »
Pour ce troisième roman, Odile d’Oultremont frappe une nouvelle fois où on ne l’attend pas – ce doit être sa signature – sondant avec finesse, subtilité, humanité les consciences de ses protagonistes.
Une victoire légère mais surtout solidaire.
Et une lecture hautement recommandée
Apolline Elter
Une légère victoire, Odile d’Oultremont, roman, Ed. Julliard, mars 2023, 256 pp
Billet de faveur
AE : La psychologie de vos protagonistes sort des sentiers battus, des poncifs généralement attachés à leurs fonctions. Bompieux, le Directeur de prison, est humain, Zoltan, le co-détenu de Yarol, se révèle un vrai et subtil ami. Diego, le curé, est large d’esprit, courageux, tonique. Vous faites fi des clivages sociaux et délivrez un message bienfaisant si ce n’est optimiste :
Odile d’Oultremont: Je suis inspirée par les héros ordinaires, des gens normaux, pas franchement glorieux la plupart du temps, jusqu’à ce qu’ils le deviennent, par hasard, par accident, par la force des choses ou des événements. Nous, les humains, sommes des êtres complexes, alors oui j’essaie d’éviter les clichés pour rendre un modeste hommage à la subtilité de nos existences. Quant aux clivages sociaux, je m’en méfie. J’ai l’impression qu’on se trompe beaucoup à distribuer de facto des conditions et des appartenances, encore plus à tirer des conclusions sur base de ce qui peut sembler mais n’est pas vraiment.
AE : Un autre roman parcourt le vôtre en filigranes. Le fabuleux « Ordre du jour » d’Eric Vuillard (Ed. Actes Sud, 2017 – Prix Goncourt).scénariste de films, comme vous. On imagine très bien porter à l’écran « Une légère victoire » :
Odile d’Oultremont: J’aime beaucoup le travail d’Eric Vuillard. Il a ce talent de raconter l’Histoire avec une finesse unique et pas mal d’humour.
Je viens de terminer l’adaptation de mon deuxième roman, Baïkonour, en scénario de long-métrage qui devrait être tourné l’année prochaine. Le cinéma et la littérature sont pour moi intimement liés, puisque je suis scénariste à l’origine et que tout ce que j’écris qui soit de l’ordre du roman est pensé d’une manière ou d’une autre comme un film. Alors, oui, je pense qu’Une légère victoire pourrait faire un beau film.