C »est une plongée douce, sobre et prégnante dans le Cameroun français d’avant l’indépendance (du 1er janvier 1960) que nous propose la romancière.

Fascinée par la beauté – ou du moins l’élégance – de sa tante Madeleine – sorte de Michèle Morgan en version discrète, voire effacée – la narratrice se penche sur les mois que cette dernière passe à Douala, ville portuaire du Cameroun oriental, fin des années ’50, aux côtés de Guy Morand, son mari, lequel travaille pour la société des bois du Cameroun.

Secondée de son boy Charlie, un tantinet récalcitrant, Madeleine s’intègre dans la vie des colons, se rend aux rencontres et fêtes de la Délégation, accouche de Sophie, leur unique fille.

En substrat de cette vie réglée  et en huis-clos, se perçoivent les remous et rébellions qui mèneront au retrait du mandat français et  à l’indépendance de la partie orientale du Cameroun.

La rencontre avec Yves Prigent, séduisant quadragénaire et la complicité effarouchée que lui offre Madeleine, lors de balades répétées font jaser le microcosme des colons;, souffrir son mari  tant épris.

Un accident d’avion à l’instar de ceux qui privèrent Karen Blixen de Denys Finch-Hatton, Edith Piaf, de Marcel Cerdan, vient clore, le 13 octobre 1959, l’idylle vraisemblablement chaste, timidement engagée…

D’une facture sobre ,classique, classe et maîtrisée, parsemé de « Cliffhangers », ces fins de chapitre qui créent l’urgence de tourner la page, le roman de Dominique Barbéris offre aussi une belle et nostalgique plongée dans l’atmosphère de ses propres années de prime enfance.

« Et nous, Sophie et moi, assises dans nos shorts en éponge  sur les marches de la véranda, à sucer mélancoliquement des sucettes Pierrot Gourmand au caramel: c’étaient les seules autorisées parce qu’elles étaient «au lait», présumées nourrissant. » 

Une lecture attachante

Qui a obtenu, ce jeudi, le Grand Prix du roman de l’Académie française

Félicitations à l’auteure et à … sa maison d’édition

Apolline Elter

Une façon d’aimer, Dominique Barbéris, roman, Ed. Gallimard, août 2023, 210 pp