Une envie de désaccord (s)

» Je me demande fréquemment, d’ailleurs, d’où sortent ce goût de l’argutie, de la rhétorique, ce besoin d’aller au-delà de ce que l’on sait. Et me voilà devenue avec bonheur spectatrice de ton évolution, sans pour autant pouvoir m’empêcher de te provoquer, sachant pertinemment que, poussé dans tes retranchements, tu donnes –souvent –le meilleur de toi-même. « 

Louis Sarkozy a 10 ans lorsque ses parents se séparent. Nicolas Sarkozy vient  d’entamer son mandat présidentiel.

L’enfant  est timide et doit assumer,  aux Etats-Unis où il accompagne sa mère,  les méfaits  de sa surexposition médiatique.

En 2011,  l’adolescent intègre, de son propre chef,  la redoutable école militaire de Valley Forge Academy and College (Pennsylvanie)  sous le patronyme de Louis Adams

« C’est un endroit où il est horrible d’aller, mais un endroit d’où venir est formidable. »

Il en sort, quelque quatre ans plus tard,  aminci, plus sûr de lui, curieux de décortiquer et de mieux connaître les rouages de notre société.

La passion de la lecture – héritée de son père – et un cursus en philosophie à l’Université de New York lui confèrent une rapide maturité et encore davantage  l’envie de débattre des idées engrangées.

Il trouve terrain de choix, dans les confrontations verbales avec sa mère, Cécilia Attias, passionnée, elle aussi,  par les débats de société.

Les échanges se font vifs, ardents,  « nucléaires »   confrontant les visions de deux générations.

Ils donnent l’envie à Cécilia Attias de les coucher sur papier et de les structurer sur le mode de l’échange épistolaire

Voilà qui ne peut que nous plaire

Tonique, parfois musclée mais toujours empreinte , de respect, tendresse sinon d’ admiration, la conversation épistolaire  file bon pli, confrontant  deux visions sur les enjeux majeurs que représentent les  religion, écologie,  éducation,   place de la femme,  usage du cannabis, ….. Les propos de Cécilia Attias sont empreints d’expérience et de tolérance – valeur suprême à ses yeux – ceux de Louis reposent davantage –  il ne pourrait en être autrement – sur des théories issues d’une grande culture livresque et de pratiques du débat.

Et Cecilia Attias de saluer avec élégance les part et passions  de Nicolas Sarkozy perpétrées en leur fils Louis

Et ce dernier de décerner  à cette Maman qui « met la barre haut » le plus encourageant des bilans,  à l’évocation de sa mission en Lybie, auprès de Kadhafi, en juillet 2007:

« Permets-moi de l’écrire, ici, avec toute la solennité dont je fais rarement preuve dans nos rencontres et discussions –on aime plus se titiller, charrier, provoquer que recourir aux grands mots –, ces jours de juillet 2007 tu as agi en Première dame, certes, mais surtout en Grande dame, Maman.

Il est pire désaccord…

Une passerelle de dialogue entre les générations

Apolline Elter

 Une envie de désaccord (s) ,  Cécilia Attias et Louis Sarkozy, essai, Ed. Plon, octobre 2019,  288 pp

Billet de faveur

AE :  Comment avez –vous  organisé concrètement les échanges épistolaires avec votre fils ?  Par voie de mails ou sous forme de missives de papier « classiques » ? 

 

Cécilia Attias : Nous avons décidé de respecter l’échange de lettres sans nous consulter : Envoi d’emails puis réponse de l’autre … sans en parler à l’avance … 

Un saut dans le passé , respectant le facteur temps pour nous laisser réfléchir à nos réponses ..

La poste n’ étant plus dans la ville de NY très rapide,  il était logiquement plus facile d’utiliser nos e-mails pour échanger …

 

Le facteur temps  (NDLR :  propre aux missives postales  et qui confrère une dimension pérenne aux écrits )  malgré le fait que cela soit des envois d’emails , était respecté puisque nous avions nos occupations et notre travail à côté .

 

AE : Sur combien de mois s’étalent les échanges ? 

 

Cécilia Attias : Nous avons mis pas mal de temps à écrire ce livre , 

Il nous a fallu près d’un an pour être satisfaits de nos écrits, lire , relire ou remettre en  question nos propres réponses ..!

2 commentaires sur “Une envie de désaccord (s)

  • Reply TT 22 février 2020 at 12 h 03 min

    Voilà un échange épistolaire mère/fils qui parait intéressant !
    Merci pour la chronique et le billet de faveur.

    • Reply Apolline Elter 22 février 2020 at 14 h 55 min

      Je vous le conseille, très chère
      Merci pour ce bien aimable commentaire A Elter

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