– Objection, votre Honneur, c’est un récit. Le récit d’une enfance vécue. Celle de Frédéric Beigbeder,balancé entre les us d’une bourgeoisie excentrique et ceux d’une aristocratie fauchée.
– Oui mais avec l’amnésie qu’il revendique, sur tout ce qui a trait à son enfance, on peut imaginer que l’auteur a forgé une histoire autour d’ éléments rapportés.
Il demeure que je n’aurais jamais pensé prendre tant de plaisir à lire cette petite perle de la rentrée littéraire. De quoi réconcilier les fans de Beigbeder et ceux qui ne le sont pas (encore).
« J’aimerais qu’on lise ce livre comme si c’était mon premier. »
Motif fédérateur: l’arrestation de l’auteur, un soir de janvier 2008, tandis qu’il consomme quelque stupéfiante poudre. D’une garde-à-vue humiliante dont il fera une description sans concession, hyperbolique et drôle à la fois, Beigbeder cherche mentalement la liberté, celle de la mémoire retrouvée. Des pans de son enfance lui reviennent à la lueur patibulaire de la cellule.
« Mon enfance n’est ni un paradis perdu, ni un traumatisme ancestral. Je l’imagine plutôt comme une lente période d’obéissance. » p 32
L’occasion d’un auto-portrait sincère, plutôt réaliste, à première (garde à ) vue. Ce Peter Pan de notre littérature en devient , pour le coup, très attachant. Et puis une vraie révolte face à des conditions infectes de détention.
« On peut oublier son passé. Cela ne signifie pas que l »on va s’en remettre. » p 108.
Comment, en effet, survivre à une enfance protégée dans les paisibles quartiers de Neuilly-sur-Seine, au divorce de ses parents, au sentiment d’admiration qu’on porte à son frère et qui vous pousse à la rébellion, …?
Comment surtout se situer face au temps qui passe?
« Depuis, je n’ai cessé d’utiliser la lecture comme moyen de faire disparaître le temps, et l’écriture comme moyen de le retenir«
Apolline Elter
Un roman français, Frédéric Beigbeder, roman, Grasset, août 2009, 282 pp, 18 €
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