» Dans son regard, elle n’avait trouvé qu’une opacité. Il était engoncé dans une vie qui lui barrait le front en rides sèches, et y plaquait cet air obtus. Il était une figure et une charpente épaisses. Un homme qui lui avait donné son nom, et s’en était allé un jour de mai 1935, sans raison.«
Cet homme est Joseph Ruston, bientôt Hepburn, père de la célèbre actrice holywoodienne, Audrey.
Née à Ixelles, en Belgique, de l’union – improbable – d’une baronne hollandaise, Ella van Heemstra et d’un homme qui va abandonner sa famille pour épouser les idéologies fascistes, rexistes …. Audrey Hepburn est marquée à vie de cet abandon et des années difficiles de l’Occupation.
En 1964, Mel Ferrer, son mari, organise des retrouvailles – confidentielles- dans un hôtel de Dublin. Père et fille ne se sont vus depuis près de trois décennies.
« En combien de temps la mémoire d’un père qui abandonne les siens devient-elle un terrain vague? «
Sondant avec tact les sentiments qui animent les protagonistes de cette rencontre en demi-teinte, sorte de parenthèse utile, de soulagement face à l’incompréhension délétère, Clémence Boulouque révèle avec finesse, les parts d’ombre, de vocation contrariée, fragilité, humilité de la mythique comédienne.
Un roman court, infiniment gracieux.
Un instant de grâce, Clémence Boulouque, roman, Ed. Flammarion, janvier 2016, 120 pp
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