De songer aux délices de l’écrivain tandis qu’il distille clins d’yeux et facéties ?
Il suffit, pour s’en convaincre de découvrir Le Bataillon des Bronzes, signé Marie-Eve Sténuit, lequel vient de paraître aux Editions du Castor astral.
« Bruxelles, par une belle nuit d’été de l’an 2003, 23 heures 59 minutes et 59 secondes, … », le temps se fige pour les vivants , tandis que sept statues de bronze, le Roi-Chevalier, Thijl Ulenspiegel et son amie Nele -seule femme du contingent – le jeune Julien dit le Manneken-pis, Everard ‘t Serclaes, Godefroid de Bouillon et l’Homme de l’Atlantide, la toute récente œuvre du sculpteur Luk Van Soom, entrent en action et forment un escadron aux fins de combattre un mystérieux envahisseur bovin. C’est Albert Ier qui prend la direction des opérations, l’espace d’une seconde.
Et chacun d’opposer son âge, son époque, sa démarche, son langage dans cette croisade contemporaine, conte fantastique aux allures loufoques et saugrenues : « Le croisé allait en tête. Les sabots puissants de sa formidable monture se posaient sur le pavé sans que résonnassent ses fers. ‘t Serclaes, allongé en travers de l’encolure, retenait ses plaintes dans sa bouche torturée. Venaient ensuite Thyl et sa Nele, marchant à pas feutrés en se tenant la main. Au milieu de la colonne progressait le roi Albert, suivi de Manneken-Pis, courant, pissant et sautillant. L’Homme de l’Atlantide fermait la marche, posant avec délice ses grands pieds pélagiques dans les petites flaques laissées par Petit Julien. » (p 59)
A n’en point douter : pour Marie-Eve Sténuit, écrire est un plaisir…
Apolline Elter
Le Bataillon des bronzes, Marie-Eve Sténuit, Bordeaux, le Castor astral, coll. « Escale des Lettres », janvier 2008, 149 pp
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