Une rentrée littéraire sans Amélie Nothomb se révèlerait aussi incongrue qu’un pain sans sel, une vigne sans raisin, un beaujolais sans mention de nouveauté. Notre compatriote ne faillit pas à ses obligations, qui propose, ce 18 août, la parution d’un nouvel opus, au titre assassin, « Tuer le père«
Et le lecteur d’appréhender le pire (scénario), Oedipe et compagnie. …
Mais encore.
Rejeté par Cassandra, sa mère, le jeune Joe Whip se fait aussitôt adopter par un jeune couple, Norman, célèbre magicien et Christina, sa délicieuse compagne, au demeurant, danseuse du feu. Il apprendra aux côtés de Norman, l’art de la magie et les principes éthiques qui le soutiennent.
« …la magie déforme la réalité dans l’intérêt de l’autre, afin de provoquer en lui un doute libérateur. »
Les années pourraient s’écouler paisibles et sans arrière-pensées; ce serait faire fi de la complexité mentale de Joe, l'(anti-)héros et de sa décision inébranlabre »de construire [sa] vie sur une parole«
Les lecteurs seront partagés en deux camps les uns jugeant qu’Amélie Nothomb joue par trop avec… le feu et la logique de thèmes sophistiqués, les autres saluant le côté implacable du même raisonnement, la divine plume qui le sous-tend et l’approche fascinée de disciplines peu usuelles: la magie et la danse du feu; sans oublier le côté planant de substances hallucinogènes…. Bien qu’ancré dans la ville de Reno – USA, Etat du Nevada – et une époque récente, le récit revêt des allures de conte qui échappe à la temporalité. C’est la magie nothombienne, celle même qui ne se contente pas de ne tuer le père …qu’une seule fois.
Apolline Elter
Tuer le père, Amélie Nothomb, roman, Albin Michel, août 2011, 152 pp, 16 €
Billet de faveur
AE: Esthétique du feu, de la magie et leur éthique corollaire, le jeu, la tricherie, la drogue, l’abandon, l’adoption, la passion amoureuse, participent de la riche thématique du roman. Le tout sur fond d’une monstrueuse ingratitude et d’un renversement des générations. Sont-ce les fils qui créent les pères ?
Amélie Nothomb:
Bien sûr, rien n’est pire pour un père que d’être rejeté par son fils. Le fils fonde la paternité plus que l’inverse.
Les romans d’Amélie Nothomb de laissent personne indifférent. Parmi ceux que j’ai lus, j’ai détesté « Hygiène de l’assassin », j’ai adoré ses deux romans autobiographiques se déroulant au Japon (« Stupeur et tremblements » et « Ni d’Eve, ni d’Adam ») et j’ai aimé moyennement « Les catilinaires » et « ? » (je ne sais plus le titre mais c’est avec Astrolabe et la tour Eiffel). Où peut-on lire la suite de l’interview?