La perspective de rencontrer un membre de l’Académie française en impressionnerait plus d’un(e).

Qu’il s’agisse, de surcroît,  de Philippe Beaussant, LE spécialiste du baroque, Vous avez dit « baroque »? , Mangez baroque et restez mince, Rameau de A à Z, François Couperin, Lully ou le musicien du soleil …. et de Versailles, Les Plaisirs de Versailles, Louis XIV artiste, Le Roi-Soleil se lève aussi,….vous garantit intégrale tétanie.

Le célèbre musicologue, romancier, essayiste, nouvelliste, fondateur du Centre de musique baroque de Versailles .. séjournait  à Namur en cette mi-juillet et grâce  fut donnée de le rencontrer, à l’invitation d’un sien cousin,  Monsieur Philippe-Edgar Detry.

Pétillante, radieuse et sémillante, la personnalité de Philippe Beaussant conquiert d’emblée son interlocuteur. Vif, attentif, généreux de parole, d’écoute et de mémoire, l’académicien jubile de projets et d’une culture hallucinante.

« Essayer de comprendre, tableau après tableau, ce qui change dans la vision, dans la pensée, dans la main d’un peintre de génie, est chose bien difficile. »

C’est pourtant la tâche à laquelle s’attelle Philippe Beaussant dans un brillant essai consacré à Titien (1490-1576) peintre de l’école vénitienne. De la stupeur née de la découverte du Supplice de Marsyas,  dernière oeuvre du génie italien,  naît pour l’auteur une quête existentielle: remonter les étapes de l’art de Titien, en dégager les carrefours et les changements notoires, partant, en cerner la philosophie:

« Comment fait ce peintre, avec quelques poils de blaireau, pour que nous lisions des choses contradictoires, qu’on croirait incompatibles et qui pourtant sont là ensemble? »

Un vrai travail d’introspection. Qui rejoint finalement le travail du Maître – en vieillissant, Titien exacerbe le don de pénétration que révèlent ses portraits.  De La Venus d’Urbino, oeuvre de jeunesse au Supplice de Marsyas, Philippe Beaussant commente la longue carrière de Titien, la rupture stylistique manifeste opérée dans L’Arétin,   et livre, sur le ton plaisant de la conversation, une série de réflexions, de méthodologie d’approche de la peinture et de la musique, jusqu’au bouquet de leur composition finale:

« Les Chants du cygne de quelques-uns des plus grands de l’histoire des arts m’ont toujours émerveillé. »

L’essai, aussi.

Apolline Elter

Titien. Le Chant du cygne, Philippe Beaussant, Fayard, octobre 2009, 168pp, 18 €