A qui appartient cette main qui nous invite si gracieusement à franchir la porte de l’exposition ?
A la marquise de Sévigné, pardi ! Vous aurez reconnu son portrait, peint vers 1665 par Claude Lefebvre, l’aurez admiré maintes fois en l’Hôtel Carnavalet où l’huile règne en maître, en maîtresse des lieux.
Nul besoin de vous rappeler que le musée Carnavalet (Paris III – Marais) est fermé au public pour une durée de deux ans et demi encore – il rouvrira ses portes fin 2019 – et les besoins d’un chantier de rénovation drastique. Alors ne boudons pas notre plaisir ni celui d’huiles aimablement prêtées par le musée parisien et célébrons les retrouvailles, à Grignan, dans le beau château des Adhémar, des familles Bussy-Rabutin-Sévigné et Grignan et de leurs aimables compagnies
Si la marquise est le sujet de nombreux portraits exposés – venus des quatre coins de France – elle retrouve avec joie , du moins nous l’espérons, ceux d’Henri, son mari, de Charles, leur fils (ci-dessous) , arrachés, le temps de l’expo, à leur château des Rochers ( Vitré en Bretagne)
Françoise et François, dépêchés du Carnavalet, retrouvent leur beau « château d’Apollidon »
Il y fait frais, il y fait bon
Attardons-nous, le temps d’un moment – émouvant – sur les différentes éditions de la correspondance de notre chère marquise. Vous le savez – ou je vous l’apprends avec précautions.. – il ne reste guère de lettres autographes, jaillies de la plume alerte de l’épistolière .. une quarantaine tout au plus, si je ne m’abuse.
En voici l’une:
L’instant est précieux et même si, graphologie oblige, vous brûlez d’envie d’émettre des commentaires, prenez garde à l’anachronisme et aux conditions matérielles de l’écriture, qualité du papier, de l’encre, de la plume, modèle calligraphique de l’époque.. qui vous interdisent de juger de votre oeil de XXIe siècle un écrit plus que trois fois centenaire.
N’empêche…il y a de l’envahissement dans l’air…
Grandement émouvant est de découvrir l’édition des lettres dite de La Haye, photocopiée et annotée de l’écriture vive et précise de Roger Duchêne, LE spécialiste de la marquise. C’est à son travail titanesque – et celui de son épouse Jacqueline Duchêne que nous devons l’édition des lettres, en trois volumes, dans la bibliothèque de la Pléiade. Ma lecture de chevet, comme vous le …chavez.
Une vitrine d’éditions des lettres, soigneusement réunies, soutient sagement le regard vigilant de Roger de Bussy-Rabutin, fieffé coquin, lointain cousin de la marquise – à la mode de Bourgogne – et de Pauline de Simiane, fille cadette du couple Grignan. Si cette dernière autorisa une certaine édition des lettres de sa grand-mère, elle aurait sans doute fait disparaître celles de sa propre mère! Dans tous les cas, c’est la seule des enfants Grignan qui assura une descendance au couple.
Au sortir de cette exposition à la scénographie parfaitement étudiée, vous ne manquerez de visiter les appartements de la marquise – la chambre où elle résidait lors de ses séjours à Grignan. Sise au deuxième étage, elle jouxte le lieu de l’exposition
Vous visionnerez avec bonheur également le film d’une dizaine de minutes consacré à l’art épistolaire de la marquise, dûment commenté par Cécile Lignereux.
L’expo, je l’ai déjà visitée deux fois; Gageons qu’il y en aura une troisième
Apolline Elter
Sévigné, Epistolière du Grand Siècle – au château de Grignan (Drôme), à visiter, du 25 mai au 22 octobre 2017
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