» Ce sont les derniers moments de sa vie où le visage de Françoise n’est pas celui de la célébrité »
Denis Westhoff voulait que par une sorte de fusion littéraire et amicale, un écrivain retrouvât la Françoise Sagan de début 1954, celle qui dépose son manuscrit auprès de trois maisons d’éditions célèbres, Gallimard, Plon et Julliard, celle qui n’est pas encore happée par le tsunami de la gloire…
Denis Westhoff est le fils de la célèbre écrivain, décédée voici presque dix ans, le 24 septembre 2004
Il a trouvé en la personne d’Anne Berest, merveilleux porte-plume.
Mixant les éléments biographiques avérés et les sensations vraisemblables en une sorte de journal à deux vies, celle de Françoise Sagan et la sienne propre – elle se relève péniblement d’une séparation conjugale – Anne Berest se fond, à force de recherches documentaires, d’entretiens avec ses proches, dont son amie Florence Malraux, et de déplacements in situ, dans l’âme de la toute jeune fille. Ce faisant, elle nous déroule son travail d’écriture, toutes les questions qu’il provoque
« Je m’installe en elle, comme je m’installe dans des appartements que l’on me prête ces jours-ci.(…] Enfiler la pensée de Françoise Sagan comme des bas de soie- me revêtir de sa vie pour oublier la mienne. »
De la primoromancière dont Jacques Chardonne écrit à Roger Nimier : « Cette jeune fille est de bonne famille, la famille des grands écrivains » se trace un portrait d’audace et culot. Se met en place la légende, celle de la désinvolture, de la Françoise future, celle qui se voit décerner len mai (54) le prestigieux Prix des Critiques, tremplin d’une gloire à jamais éteinte.
Un portrait qui donne une furieuse envie de se (re)plonger dans Bonjour tristesse (Ed. Julliard, 1954) – Je vous en promets chronique pour l’été
Apolline Elter
Sagan 1954, Anne Berest, essai, Ed. Stock, mai 2014, 196 pp
Billet de faveur
AE : votre enquête se conclut, Anne Berest, d’une lettre adressée à Denis Westhoff, commanditaire de la mission. Quelle fut sa réaction à la lecture de ces pages ?
Anne Berest : Denis est un homme très discret, qui parle peu.
J’appréhendais évidemment sa réaction, car il n’avait lu aucune ligne tout au long de l’écriture du livre. J’avais peur qu’il soit déçu ou interloqué par la forme que j’avais donné à l’ouvrage, mêlant ma vie à celle de sa mère. Après la première lecture, il fut somme toute peu bavard, comme à son habitude. Il m’a dit qu’il aimait le livre mais que nous aurions l’occasion d’en parler… cette occasion s’est présentée en direct, à la radio ! C’est devant des milliers d’auditeurs que j’ai senti qu’il avait sincèrement, profondément, aimé le livre qu’il m’avait commandé. Je fus soulagée !
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