« Les contes ont un statut étrange, au sein de la littérature: ils bénéficient d’une estime immodérée. L’ambiguïté du conte provient du fait que sous couleur de s’adresser aux enfants, on parle aussi et peut-être d’abord aux adultes. »
C’est sous la forme d’un conte – à dormir debout – que la célèbre romancière donne son traditionnel coup d’envol à la rentrée littéraire. D’ornithologie, d’onomastique aviaire, il sera, en effet, largement question.
A l’instar du héros de Perrault, Déodat présente un physique aussi repoussant que son intelligence est supérieure. Il tient tout bonnement du génie. Déjouant, fin stratège, les mécanismes d’exclusion que sa laideur induit, dès la prime enfance, il libère peu à peu son esprit par une science imparable des oiseaux. Et la nouvelle académicienne – Amélie Nothomb a en effet rejoint en 2015 l’académie de langue et littérature française de Belgique, au siège de feu Simon Leys – de nous gratifier d’une pavane de noms d’oiseaux aussi rares qu’incongrus.
Quand le focus se pointe sur Trémière, la ravissante fille de Rose et de Lierre, au Q.I, semble-t-il inversement proportionnel à sa beauté, on sent poindre l’idylle. Mais la romancière ne frappe pas toujours où ni quand on l’attend . Elle nous offre un plateau d’entrées, de symboles et de sens. Au lecteur d’en composer son menu.
Une chose est sûre, la laideur n’a pas le monopole de l’exclusion; il n’est guère plus facile de faire sa place dans une société quand on lui inflige une beauté supérieure:
» Les gens ne sont pas indifférents à l’extrême beauté: ils la détestent très consciemment. Le très laid suscite parfois un peu de compassion; le très beau irrite sans pitié. La clef du succès réside dans la vague joliesse qui ne dérange personne. »
Tout conte fait…
Riquet à la houppe, Amélie Nothomb, roman, Ed. Albin Michel, août 2016, 190 pp
J’ai mis un lien sur mon blog des écrivains belges vers votre compte-rendu.