Rêver debout

À Miguel de Cervantes Saavedra

« Monsieur, je vous le dis tout net, je ne suis pas d’humeur à rire, et les façons dont vous traitez votre Quichotte ne sont pas de mon goût. »

Si Lydie Salvayre – Prix Goncourt 2014 pour son merveilleux Pas pleurer (Ed.du Seuil) s’en prend à l’auteur du célèbre et ingenieux hidalgo Don Quichotte de la Manche (1605-1615),  c’est pour lui remonter les bretelles.

Elle lui adresse, partant, une série de lettres ouvertes – heureusement pour nous et notre rubrique épistolaire du mardi –  fustigeant la « violence féroce » avec laquelle le Manchot de Lépante, traite son attachant héros

Et la psychiatre de réhabiliter Don Quichotte – non, ce n’est pas un  « looser »   – de le remettre au goût du jour en soulignant les bienfaits tant de sa vaillance, que du rêve – de l’utopie – qu’il poursuit.

De contextualiser l’écriture du « best-seller » quatre siècles après sa publication  (ndlr en deux parties  1605 et 1615), d’analyser l’évolution du héros au sein de la narration et les différents regards portés sur lui à travers les siècles.

Une (re) lecture intéressante et une façon subtile d’englober Cervantès dans l’admiration portée à son héros:

 » Je vous disais hier combien j’admirais la façon dont, en portant sur vos créatures un regard ambigu (rieur souvent, malicieusement cruel parfois, mais presque toujours bienveillant en dépit de ses apparences et empreint d’une secrète affection paternelle), vous parveniez à instiller certaines vérités bien plus efficacement que par un prêche docte et impeccablement démonstratif. »

Apolline Elter

Rêver debout, Lydie Salvayre, roman épistolaire, Ed. Seuil, août 2021, 208 pp

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