« Il y a chez Brahms, et qui me ressemble, cette tentation de la nuit que dépasse et transfigure une joie plus haute, plus forte, enracinée dans toute la création. »
Après Variations sauvages et Leçons particulières (Robert Laffont, 2003 et 2005), deux lectures qui résident en notre mémoire, récits autobiographiques travaillés d’une plume précise, exigeante, élégante, Hélène Grimaud, nous revient, publiant…de concert, Retour à Salem, un récit, énigmatique, centré sur son rapport à Johannes Brahms et le double CD des concerti pour piano numéro 1 en Ré m op 15 et numéro 2 en si bémol majeur, op 83 du compositeur hambourgeois.
Une coïncidence voulue – évidemment – pour la célèbre pianiste qui depuis longtemps se reconnaît en Brahms, s’identifiant au compositeur au point d’en ressentir les plus intimes émotions.
« Brahms m’est plus intime que n’importe quel autre compositeur et il est celui sans lequel je ne pourrais vivre. Est-ce pour les exigences aigües d’équilibre sonore que pose sa musique pour piano, moi qui ai si longtemps aimé marcher entre deux abîmes et flirter avec le vertige ? Cette musique m’a proprement révélée. Elle m’a appris à résoudre l’apparent dilemme entre les voix supérieures et inférieures. »
Découvrant au hasard d’une promenade dans les rues d’Hambourg , la boutique-fantôme, Lewis Carrolienne d’un antiquaire, les feuillets éparpillés d’un manuscrit de Karl Würth, nom de plume de Brahms, Hélène Grimaud entreprend, aidée d’un ami traducteur, d’en reconstituer la trame narrative, enchâssant dans son propre récit , cette sorte de conte fantastique aux allures prophétiques.
« Une pianiste décidée à habiter l’éternité dans le moment. »
Ses aficionados – j’en suis – saisiront mieux le rapport d’Hélène Grimaud à l’existence. A l’univers.
Tout simplement.
Ce faisant, elle nous offre voie impériale d’accès à son âme.
Grandiose.
Apolline Elter
Retour à Salem, Hélène Grimaud, récit, Albin Michel, octobre 2013, 252 p, 19 €
♫ Hélène Grimaud ; Concertos de Brahms pour piano et orchestre numéros 1 en Ré mineur op 15 et 2 en Si bémol majeur op. 83, – Deutsche Grammophon / Universal – 30 septembre 2013.
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