« Les écrivains ne pourraient-ils pas raconter l’histoire d’un mari et une femme qui s’aiment d’une passion débordante ? L’amour conjugal est-il si peu romanesque ?)

Que du contraire… et ce roman loufoque, déroutant, tordu, renversant …  va nous prouver le contraire.

  » (…) Car je vis depuis quinze ans dans le malheur permanent et paradoxal d’être aimée en retour, de connaître une passion sans obstacle apparent « 

Ce pourrait être un traité de stratégie amoureuse: comment garder intacte et vive la flamme amoureuse qui anime votre conjoint  après quinze années de vie commune?

Et dans un sens, ça l’est . mais la surprise est bien gardée.

Follement éprise de son … mari dont nous ne connaîtrons du prénom que la précision qu’il « est très courant dans le monde anglophone », la narratrice consigne dans ses carnets, les innombrables réflexions issues d’une vie familiale heureuse et banale: deux enfants charmants, un mari aimant,  deux métiers intéressants; une situation sociale aisée … que demander de plus?

TOUT

Atteinte d’une hyper-sensibilité, d’une susceptibilité extrême, mâtinée de doutes colossaux et d’un complexe social avéré, la narratrice scrute, traque, traduit les faits et gestes de son époux,  tout au long d’une semaine et de journées frappées d’identités  chromatiques hautement influentes sur le cours des événements: : au lundi bleu, son jour préféré, succèdent le noir mardi belliqueux, l’orange mercredi affreusement clémentine, le jaune jeudi jour de trahison et d’infidélités …. qui déterminent tour à tour  humeur et décisions…. pas toujours heureuses…

Une obsession : attirer le regard de son mari , homme  » charismatique, introverti et contradictoire. » porte-flambeau  d’un mystère – entretenu –  des plus séduisants

Satyre d’une dépendance amoureuse qui fleure la femme des années soixante, la narration se fait joyeusement vengeresse, absurde, jubilatoire…

On en redemande

Apolline Elter

Mon mari, Maud Ventura, roman, Ed. de l’Iconoclaste, août 2021, 354 pp