Historien et professeur d’iconologie médiévale (ICART – Paris) Jean Claude Bologne analyse les manifestations de la pudeur – disposition plus ou moins marquée à dissimuler ce que nous ressentons comme une fragilité ou un caractère essentiel de notre personnalité – via la femme et l’Histoire occidentale, de l’Antiquité à nos jours. Une analyse qui se base sur quatre critères: relativité, sexuation de la pudeur, son lien avec regard de l’autre et la honte. L’essai conforte et confronte les réflexions inscrites dans L’Histoire de la pudeur que l’écrivain avait publiée en 1986.
« La pudeur d’une femme est en effet fonction de sa place dans la société. L’impudeur ne se limite pas à l’exposition de sa nudité mais s’étend à son comportement, aux lieux qu’elle fréquente, aux actes qu’elle s’autorise. «
Soulignant le danger d’analyser des comportements passés à la lueur de notre mentalité actuelle, Jean Claude Bologne propose une mise en perspective historique de la nudité, du regard porté sur elle et de la pudeur corollaire, sorte de voile immatériel. La dichotomie entre les parties inférieures et supérieures du corps, l’investissement sexuel du pied, la fonction des vêtements, les fantasmes associés …s’inscrivent dans un contexte historique brillamment exposé.
Bain, toilette, lit ..et même rire, ivresse, fonctions éliminatoires et flatulences défient la pudeur, définie comme un sentiment préalable à la honte
S’il reconnaît que d’un point de vue historique, la pudeur « a surtout été une affaire de femmes« , l’écrivain se prend à souhaiter « une nouvelle conception de la pudeur [qui ] puisse mettre fin à cette sexuation qui a le plus souvent contribué à une mutilation de la personnalité des femmes. »
Un opus véritablement magistral.
Apolline Elter
Pudeurs féminines. Voilées, dévoilées, révélées, Jean Claude Bologne, essai, Seuil, coll. « L’Univers historique », sept 2010, 402 pp, 22 €
Jean Claude Bologne sera, avec Elisa Brune (Le secret des femmes, Voyage au pays du plaisir et de la jouissance(Odile Jacob)) et Rony Demaeseneer l’invité du débat qui se déroulera au Cafffé, vendredi 18 février, à 12 heures.
A noter dès à présent, dans vos agendas:
L’Exposition Pudeurs et colères de femmes – Regards actuels au-delà des voiles
qui aura lieu à la Fondation Boghossian (Villa Empain – Bruxelles) 11 mars au 25 septembre 2011
(Photo « Black Oracle », Maimouna Guerresi, 2009, coll. Fondation Boghossian)
L’écrivain participe à cette exposition, en y proposant un parcours de textes et de réflexions personnelles. Il sera aussi l’invité de la Fondation Boghossian, avec d’autres personnalités, lors des rencontres internationales organisées les 29, 30 et 31 marsà la Villa Empain, sur le thème de la pudeur féminine.
Site web: www.villaempain.com – www.fondationboghossian.com
@: info@boghossianfoundation.be
15 lecteurs du magazine L’Evénement (en vente dès ce jour…) sont conviés, le 24 mars prochain, à une visite privée de l’exposition et de la somptueuse restauration de la Villa pour ceux qui ne l’ont pas encore découverte.
Hors-sujet : lors de votre visite à la Foire du Livre de Bruxelles, allez rencontrer l’auteur belge Nicole Versailles dont je parle aujourd’hui sur le Journal d’un Petit Belge. Elle mérite un petit coup de pouce. Merci d’avance pour elle et bonne Foire du Livre!
Je viens de faire un saut sur votre site que je recommande. Je serai enchantée moi aussi de rencontrer Nicole Versailles dont j’apprécie la générosité.
Bien cordialement,
Apolline
J’ai vu que vous aviez renseigné le débat que j’ai eu le plaisir d’animer à la foire du livre cette année en compagnie de Jean-Claude Bologne et Elisa Brune, très bel échange que je vous invite à voir ou revoir par le biais du lien ci-dessous (le débat a été enregistré et est accessible sur le site de Télé Bruxelles). Merci d’avance
http://www.telebruxelles.net/portail/emissions/magazines-a-voir-en-ligne/les-debats-de-la-foire-du-livre-2011/13420-debat-foire-du-livre-feminin-dans-tous-ses-ecrits
R. Demaeseneer
Un grand merci pour ce commentaire et le lien indiqué. Je ne manquerai pas de découvrir ce débat car j’ai bien regretté de ne pouvoir y assister!
Bien cordialement,
Apolline E.