Notre périple de fin juillet en Ile de Ré, Touraine & Versailles (compte rendu au programme de notre blog, du 5 au 14 août…) commence, à l’évidence, par un historique de l’Ile de Rê(ve)…
Ardent passionné de l’Ile – on peut le comprendre – David Canard nous en trace, de façon claire, vivante et didactique, la destinée, remontant pour ce faire, à ses origines paléolithiques.
Enjeu de convoitise et de rivalités franco-anglaises répétées, l’île coiffera les deux couronnes, scindée de surcroît, jusqu’à la Révolution de 1789, selon une division Nord (les seigneuries d’Ars, Loix et Les Portes) – Sud (la Baronnie de Saint-Martin).
Le siège de 1627 reste présent dans les annales et mémoire de l’Ile, comme un haut fait de résistance envers l’Occupant anglais – incarné par le duc de Buckingham. Notre billet de mercredi 10 août s’en fera l’écho, car il consacre le décès de Celse Bénigne de Rabutin-Chantal, père de notre chère marquise.
Spécialisé en poliorcétique*, Sébastien Le Prestre de Vauban (1633- 1703) – Vauban pour les intimes – dota Saint- Martin d’une citadelle apte à recevoir les habitants de l’Ile en cas de siège, au prix d’un immense chantier qui dura de 1681 à 1685. Cinquante-trois ans passés au service du Roi permirent à ce génie du siège de créer quelque 130 places-fortes et de participer à une cinquantaine de sièges. Si l’on songe aux 108.000 km que le Maréchal parcourut, on ne peut que s »incliner…Pas de doute, nous reviendrons sur son portrait.
Le nombre des habitants de l’Ile, de 17.000, lors de la Révolution française, n’a guère changé : il flotte, aujourd’hui encore dans les mêmes eaux.
Note plus douloureuse dans le passé de l’Ile: la citadelle de Saint-Martin fut l’antichambre des départs pour le bagne, de la fin du XVIII au milieu du XXe siècle .: « Au fil des années, ce ne sont pas moins de 70000 futurs forçats qui firent résonner leurs sabots sur les pavés du port. Parmi eux des personnages célèbres : « Albert Dreyfus, accusé de haute trahison fut incarcéré à Saint-Martin, du 18 janvier au 21 février 1895. Guillaume Seznec, Henry Charrière dit Papillon, Eugène Dieudonné passèrent également par Saint-Martin. »
[ Ndlr: devenue un centre pénitentiaire pour « séjours long », l’actuelle prison de Saint-Martin est pressentie pour un éventuel regroupement avec d’autres centres de la région]
Reliée à la terre rochelaise depuis mai 1988 par un gigantesque pont qui divisa quelque peu l’opinion locale et dont la construction fut entamée » dans la plus parfaite illégalité » , l’Ile n’en est plus tout à fait une si ce n’est qu’elle entretient, admirablement, le secret insulaire de son charme [ndlr]
L’année 2010 fut marquée, en son début, par le passage dévastateur de la tempête Xynthia (28 février 2010). Les traces en sont à ce jour généralement résorbées.
Apolline Elter
Petite Histoire [de l’] Ile de Ré, David Canard, Geste éditions, 2010, 116 pp, 8 €
* Art des sièges (militaires) . NB les informations contenues dans ce paragraphe ont été croisées avec celles, glanées lors de la visite du musée Ernest Cognacq ( Hôtel de Clerjotte – Saint-Martin de Ré) : Une très belle exposition « Ré, les facettes d’une île« s’y tient, depuis avril 2011. Je vous la conseille comme une belle clef de compréhension de l’Ile.
Une petite île avec une grande histoire !