« Comme nous tous, Yersin cherche le bonheur.
Sauf que lui, il le trouve ».
Deuxième volet de notre survol des (grands) prix littéraires, nous nous penchons sur le roman à large portée historique de Patrick Deville, attributaire, notamment du Prix Femina 2012 (proclamé, le lundi 5 novembre)
» A la mort de Pasteur, la petite bande des apôtres laïcs essaime sur tous les continents et ouvre des Instituts, répand la science et la raison. Ils ne cessent de s’envoyer des courriers d’un bout à l’autre du monde au hasard des navires en partance. Des lettres écrites d’un jet à la plume, dans la langue positiviste de la Troisième République à la syntaxe impeccable. S’ils ne sont pas tous des Michelet au moins des Quinet. Des scientifiques lettrés qui savent qu’amour, délice et orgue sont féminins au pluriel«
Jeune prodige du cercle de Louis Pasteur, le Suisse Alexandre Yersin découvre en 1894 le bacille de la peste – yersinia pestis – et par la suite, le vaccin pour s’en prémunir. Mais il est un électron libre, qui refuse de se fixer en France ou dans un quelconque institut, lui qui ne rêve que de voyages et d’explorations. C’est ainsi qu’il découvre Nha Trang, bourgade d’Indochine dont il fera son paradis terrestre.
» Dans n’importe quelle entreprise on l’accuserait d’inconstance. Il a derrière lui ses travaux sur la tuberculose et la diphtérie. Il est un savant adoubé par Pasteur, un excellent médecin de bord. Yersin a déjà gagné qu’on ne vienne pas trop l’emmerder. »
Documenté aux sources de la correspondance que Yersin entretenait avec sa mère, Fanny et sa soeur, Emilie et des archives de l’Institut Pasteur, le récit de Patrick Deville sort de l’ombre un être qui a soigné davantage de patients que sa mémoire…Il brosse sa vie à rebours, au départ de son dernier vol, en mai 40 qui lui fait quitter définitivement la France. L’emploi de l’indicatif présent imprime au récit une tonicité appréciable.
Roman remarqué de la rentrée littéraire – il était en lice pour plusieurs des grands prix – mise en perspective des événements sur le ligne du temps, Peste & Choléra revêt, entre autres qualités, un réél intérêt historique.
AE
Peste & Choléra, Patrick Deville, roman, Ed. Seuil, août 2012, 225 pp, 18 €
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