» Aujourd’hui elle est vieille, le visage ridé, le corps décrépit, la démarche égarée, vacillante, mais une jeunesse dans le regard que l’évocation de l’Espagne de 36 ravive d’une lumière que je ne lui avais jamais vue »
Elle, c’est « Montse », la maman de la narratrice – de Lydie Salvayre …- toute jeune au moment de la Guerre civile espagnole.
Souffrant de troubles de la mémoire, elle retrouve, intacts, ses souvenirs de l’époque, sa condition de « mauvaise pauvre », soeur de Josep, un « rouge et noir » et un début d’ascension sociale par son mariage avec Diego Burgos. Elle les transmet à sa fille, dans un très personnel sabir hispano-français qui rythme et colore le récit.
« J’écoute ma mère et je lis Les Grands Cimetières sous la lune, {…). J’y consacre, depuis quelques mois, la presque totalité de mes jours. »
Sa relation, un peu décalée face à la réalité sanglante de l’époque est présentée, en contrepoint de l’indignation de Georges Bernanos tandis il découvre les exactions commises par la nationalistes, avec le soutien de sa chère Eglise catholique. De cette colère naîtra son célèbre pamphlet, »Grands cimetières sous la lune » rédigé à son retour en France.
Une intéressante mise en perspective d’une histoire de famille, dans la Grande Histoire.
« La mort. La mort. La mort. A perte de vue la mort. »
Un récit frappé de présent et de cette poétique particulière, vivante, riche et féconde, de l’écriture de Lydie Salvayre.
Pas pleurer, Lydia Salvayre, roman, Ed. du Seuil, août 2014, 288 pp
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