Un roman qui mériterait  le prix Femina, si Gwenaëlle Aubry ne l’avait déjà remporté en 2009, pour Personne….

 « Le Mur, lui, absorbe tout, le grand éclat et les ombres des fidèles, les larmes et les noms sacrés, les prières de papier glissées dans ses fentes. »

Un roman à deux voix, celles de Sarah et de Leila, conjointement âgées de 17 ans.

Sarah est juive, fraîchement arrivée de New York, où elle est née, avec sa mère, après les attentats du 11 septembre 2001. Elle découvre ses racines familiales, la seconde Intifada et le poids d’un passé qu’elle tente de comprendre.

En parallèle, Leila, Palestinienne, musulmane,  vit dans un camp de Cisjordanie, lestée, elle aussi, d’un lourd passé familial.

 » Quand j’étais petite, avec les autres filles, on jouait à l’Intifada. On ramassait des petits cailloux dans les rues et on se les lançait dessus pendant la récréation. On en avait toujours plein les poches de nos blouses. Puis nous avons grandi et nos frères nous ont autoriséesà jouer pour de vrai. »

Radicalement séparées par le conflit qui oppose les deux ethnies, les narratrices partagent, à leur insu, une forme de gemellité, une façon d’aborder le présent, le poids des morts et du passé et.. l’air du Buzuq  (de Matar Muhammad) d’une même préhension.

Au point que le lecteur se demande parfois d’où vient la voix.

Des ..partages subtilement induits, respectueux d’une réalité et d’un passé qui ne « passe pas ».

AE

Partages, Gwenaëlle Aubry, roman, Mercure de France, août 2012, 184 pp, 17,5 €