ô Humanité

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C’est un recueil de trois récits, écrits respectivement en 1965, 1978 et 2003, que Vera Feyder signe, sous le titre « Ô Humanité », lequel vient de paraître aux Editions Le Grand Miroir : l’amitié entre une petite fille, Liza et un égaré de la vie, Monsieur Barnem, la septicémie foudroyante de Marceline Malibois, plaie intérieure mal soignée et les voix du passé qui barrent la route à l’amour d’Alba pour Logan, à une sérénité à peine assise.

 

Le leitmotiv des trois récits semble bien être l’axe innocence / faute. L’Humanité y fait figure écrasante, donnant, dès lors, son pesant d’or à toute manifestation de sympathie, de simple… humanité. En filigranes, on assiste au dévoilement biographique progressif de cette petite fille que l’on a appris à connaître dans le précédent Manteau de trous (cfr chronique). Et puis toujours, cette écriture magistrale, parsemées de sentences à méditer :

 

–          « Grandir : l’obsession de l’enfance, et qui n’en finit pas ; car comment admettre que ce qui nous paraissait si puissant, si imprenable, si inébranlablement fort : « une grande personne », soit à ce point illusoire que plus on s’en rapproche, plus elle s’amenuise jusqu’à devenir aussi pâle qu’une ancienne décalcomanie sur une vitre. Trompé. Les apparences et le contenu »

Un jaspe pour Liza, p 15.

 

  • – « Elle a raison, il le sait: à trop s’épancher au jeu des confidences, on se noie très vite dans cet apitoiement réciproque où les miroirs s’embuent, les corps et les volontés s’amollissent; (…)»

Nul conquérant n’arrive à temps, p 51

 

  • « Mais non, cet instant de pure jouissance où toute la beauté et la bonté du monde semblaient monter de ce panorama alpestre, elle ne souhaitait le partager avec personne, sachant combien les mots, les mots réducteurs, dénaturent l’ineffable quand ils tentent de l’exprimer

La bouche de l’ogre p 88

Apolline Elter

 

O Humanité, Vera Feyder, le grand Miroir (Groupe Luc Pire),mars 2008.

!!A noter que vous pourrez découvrir l’auteur et l’ouvrage en regardant, ce soir à 20 h 15, sur Arte, l’émission 50° Nord, d’Eric Russon, notamment consacrée à l’ouvrage.

 

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Ne manquez pas non plus la diffusion, à 20h50, sur France 3 du film de Radu Mihaileanu, " Va, vis et deviens"", un des cinq plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir à travers toute mon existence. Il raconte le rapatriement vers Israël de milliers de Juifs éthiopiens frappés par la famine qui sévit au Soudan. Chlomo, le héros, est adopté par une famille française séraphade, résidant à Tel-Aviv. Magistrale interprétation de Yaël Abécassis. Identité, adoption, racisme sont les thèmes-phares de cette fresque poignante. La musique est, de surcroît sublime. Un des plus beaux films de ma vie. J’insiste.