» Jusqu’au dernier jour de sa vie, il se rappellerait cette image: ses quatre frères et ce neveu inconnu marchant vers lui entre les oliviers »
Paul n’a plus vu sa famille, sa nombreuse fratrie, depuis trois décennies..
Il en a été mis au ban après avoir publié le récit de leur enfance, exposé la déchéance financière de leurs parents, aristocrates, et les humilations corollaires, les frasques de « Toto », le patriarche… toutes choses qui doivent être tues.
Et voici que les liens de sang se rappellemt aux protagonistes.
Il est temps de fumer le calumet de la paix
Des mains se tendent que Paul veut à son tour serrer. Il convie sa famille – ses neufs frères et soeurs neveux – en cette fin d’été, autour d’une grande tablée, dans sa propriété du Sud
Il s’agit de se réapprivoiser, de réapprendre à se parler, d’expliquer le passé :
Pourquoi je publie mes manuscrits … Tu te souviens ? Au lieu de les conserver dans un tiroir ….Eh bien parce qu’écrire est ma façon d’exister, la seule qui me satisfasse, je n’en ai pas trouvé d’ autre. Si bien que si je ne publiais pas ce que j’écris, , ce serait comme me refuser à moi- même le droit d’exister. Me suicider, en quelque sorte. »
Les conversations s’amorcent timides, convoquent les souvenirs heureux, atteignent peu à peu les moments douloureux, aidés par une bienveillance, une tolérance que l’âge a inoculées parmi les convives. Puissant obsevateur de la dynamique des grandes fratries – c’est sa propre famille qu’il décrit – Lionel Duroy livre un nouvel opus, sorte de bilan de vie subtilement percutant, particulièrement engageant pour le lecteur sitôt intégré à cette grande tablée Une lecture hautement recommandée Apolline Elter Nous étions nés pour être heureux , Lionel Duroy, roman, Ed. Julliard, août 2019, 222 pp
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