Abimée par un inceste – elle est abusée par son oncle – et le tabou qu’il crée au sein de sa famille, Margot, 17 ans, est envoyée chez Achille Donnelheur aux fins de guérir les troubles somatiques engendrés.
Le praticien est écoute, réceptacle; son attitude passive engendre la gène, crée une oppression grandissante dans le chef de la jeune fille
Mais il lui faut reconnaître une guérison de ses problèmes stomacaux.
La dépendance s’installe – le médecin devient [sa] possibilité de vivre
« Donnelheur a remis sa casquette de chasseur. Dorénavant, il veut débusquer l’ennemi intérieur, celui qu’a créé l’inceste en moi d’après ses dires. Cet ennemi-là est plus sournois. Chaque découverte d’une nouvelle vérité sur mon compte est un choc assez épouvantable. Une sorte de commotion psychique. J’en éprouve une peine profonde, impossible à partager avec un autre que mon docteur. Il dirige ma psychothérapie avec une louable intention: faire de moi une personne tenant debout, responsable de ses actes, capable de dire « non » »
Et il arrive que le remède soit plus pernicieux que le mal.
Semant le trouble chez sa jeune patiente, ll' »aliéniste » fragilise précisément la confiance en elle qu’elle tente de recouvrer.
Il joue le chaud et le froid, la tendresse et la sévérité, le guide et la victime en un jeu hautement déstabilisant
Pour la jeune femme que Margot devient au bout de 17 ans de thérapie – avec interruption de quelques années – l’emprise devient de moins en moins justifiable, et les phénomènes de contre-transferts, patents.
Il va falloir qu’elle se révolte….
Et que le lecteur tire le bilan d’une thérapie des moins engageante…
A Elter
Nous en resterons là, Chloé Lambert, roman, Ed, du Rocher, août 2022, 240 pp