Nord sentinelle

« Nul besoin de prophétie pour savoir que le premier voyageur apporte toujours avec lui d’innombrables calamités. »

Nul besoin de grande perspicacité pour réaliser que le tourisme en Corse se fait laminer sous la plume corrosive et jubilatoire de Jérôme Ferrari (lauréat du Prix Goncourt 2012 – c’est de saison –  pour le génial Sermon sur la chute de Rome (Ed. Actes Sud)

Tourisme de masse et tourisme inspiré, à valeur ajoutée, font les choux gras des autochtones et en particulier de la famille Romani bien connue du narrateur.

Alors pour être digne représentant de sa lignée, de la violence inscrite dans ses gênes, Alexandre Romani , vingt trois ans, tue à l’arme blanche  Alban Genevey,  un étudiant en médecine dont les parents possèdent une résidence secondaire sur l’Ile de beauté.

La raison de sa rage assassine:  une certaine grivèlerie .Alban a, en effet,  consommé  gratuitement une bouteille de vin, introduite illicitement dans le restaurant d’Alexandre, pour se venger de s’être fait  grandement gruger lors de l’addition précédente

Mais la vengeance est l’apanage des Romani et Alban paiera son insolence de sa vie.

Nul besoin de perspicacité pour comprendre que l’auteur fustige aussi ses propres compatriotes

Le tout est d’autant plus percutant que le roman est drôle et rédigé d’une plume précise, élégante,  en un mot maîtrisée

Apolline Elter

Nord sentinelle, Jérôme Ferrari, roman, Editions Actes Sud, août 2024, 144 pp

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