« Il y a dans notre famille un attachement à la fête de Noël qui va bien au-delà de tout ce qu’on peut rencontrer à des lieues à la ronde. Noël est l »événement majeur de l’année, le jour phare où la lumière se décide à ressortir de la nuit, où, pour les femmes très chrétiennes de la tribu, l’enfant-Dieu prend corps parmi les hommes pour leur insuffler l’espoir d’une vie aux accents d’éternité.«
Nanti d’un titre en forme de truisme, le nouveau roman de Bernard Tirtiaux prête voix à Noël Molinaux,né un 24 décembre – » Quatre jours de plus et j’étais bon pour m’appeler Innocent » – et à un récit inspiré de faits réels.
De transit en Belgique, Klara, une jeune Berlinoise, accouche inopinément de Luise, dans une ferme de la région liégeoise. Nous sommes le 27 juin 1914. La mère du narrateur – lequel est alors âgé de quatre ans et demi – accouche dans le même temps, au même endroit, d’une fille appelée Lucienne. La honte, l’approche de la guerre favorisent l’abandon de Luise, en sa famille d’accueil pendant huit années. Le temps pour Noël de s’attacher profondément, amoureusement, à la lumineuse fillette, pour la famille, de la compter intégralement des leurs.
Conçu comme une longue lettre à Luise adressée, le roman épouse les sensations et affects de Noël,le sentiment d’abandon qu’il éprouve quand la fillette regagne sa famille, son impuissance à contrer le destin que la seconde guerre lui fera adopter . Portant par bravache l’étoile jaune imposée à son beau-père et ses demi-frères et soeurs, Luise est déportée dans un camp de concentration. Elle doit son salut au mariage contracté avec un officier nazi, éperdu de sa beauté et de son don pianistique. Jamais elle ne se remettra d’avoir de la sorte abandonné les siens…
Noël en décembre, Bernard Tirtiaux, roman, Ed. JC lattès , octobre 32015, 300 pp
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