Naissance d’un pont

9782070130504.jpg« Fallait-il encombrer la Terre plutôt que le ciel? Fallait-il démontrer sa force, opter pour un ouvrage puissant, une combinaison de pièces massives, lourdes, tel le pont de Maracaibo? Fallait-il un ouvrage transparent, aérien, une construction où les structures concentrent la matière en peu d’éléments, une option de finesse, tel le Viaduc de Millau? Fallalit-il désenclaver une ville ou souder deux paysages, falllait-il surseoir à la nature, utiliser ses lignes ou s’y incorporer? Le Boa ne sait pas, il veut tout. Il veut l’innovation et la référence, l’entreprise florissante, la beauté et le record mondial. »

Le défi est de taille qui préside à la construction d’un pont aérien, dans la ville américaine – imaginaire – de Coca. Transplanté,  le lecteur,  dans l’atmosphère de La bête humaine (Zola) et la fascination exercée par le génie de l’homme. Un homme capable d’entreprendre des chantiers gigantesques.  

 C’est un défi de taille aussi que se donne Maylis de Kerangal:  décrire étape par étape, données techniques à la clef, la progression du chantier qui mènera à la naissance du pont. Les acteurs se mobilisent, les éléments s’enchaînent ou se déchaînent,  les semaines s’enfilent  et le fil de la narration se poursuit, tendu d’événements et de relations passionnantes. La langue est belle, riche et rythmée qui valut à l’auteur l’attribution  du prix Médicis 2010.

Apolline Elter

Naissance d’un pont, Maylis de Kerangal, roman, éd. Verticales, juin 2010, 318 pp, 18,9 €