Si d’aventure vous rêvez de participer à une réunion de copropriétaires, gageons que ce plaisant et noir roman vous en fera passer l’envie.
« Ces assemblées sont un lieu merveilleux pour analyser les travers de l’âme humaine, pour étudier l’attitude d’un groupe en situation de stress, pour conclure à notre lâcheté à tous devant ceux qui mordent et que, sans trop nous en défendre, nous laissons prendre le pouvoir.
Ces assemblées sont un outil pédagogique et permettent de mieux comprendre comment naissent les dictatures. »
Propriétaire d’un des « cinquante logis » qui participent à la copropriété, Jérôme Grandbien, le narrateur, est convié, comme il se doit , à l’assemblée annuelle obligatoire. Le quadragénaire se résout à tirer parti de la corvée en activant son sens aigu de l’observation, sa subtile perspicacité face à des rapports de voisinage parfois régis de mesquineries édifiantes, avant de regagner le plus rapidement possible, le confort paisible de son appartement de célibataire .
Et de nous livrer une galerie de portraits des plus variés, des plus savoureux, avec, en point de mire, le grand absent de la réunion: Marius Van Eyck, être toxique par excellence, parangon de malveillance, de nuisance.
L’on se doute d’emblée – et de titre de la fiction- que son absence n’a rien d’anodin: Marius Van Eyck a été assassiné.
Critique littéraire et partant, lecteur de thrillers, Jérôme Grandbien endosse son tablier d’enquêteur, de profileur psychologique pour déterminer, au sein du huis clos de l’assemblée, les circonstances et mobiles du crime. C’est tout l’enjeu de la seconde partie du roman.
Distillé de courts paragraphes qui confèrent une allure sautillante à la narration, cet aimable thriller se déguste sans modération.
« J’imagine l’émoi des copropriétaires lorsqu’ils vont apprendre les détails de cette terrible histoire digne d’un de ces romans que j’aime tant. J’ai le sentiment que nous avons tous, par indifférence, par lâcheté, laissé trop de place à Marius Van Eyck. Nous aurions dû nous montrer plus fermes face à ses outrances. Peut-être se serait-il moins cru seul maître à bord, mais les êtres comme lui comprennent-ils les limites qu’on leur met? »
Apolline Elter
Mortelle assemblée de copropriété, Frank Andriat, roman noir, Editions F Deville; janvier 2024, 180 pp