Invitation baudelairienne s’il en est, à un certain voyage et plus précisément une quête, le roman vrai d’Eric Fottorino revient sur l’abandon de sa jeune soeur, par sa mère, Lina Labrie, alors âgée de vingt ans
chaque 10 janvier de sa vie depuis soixante ans maman reste couchée
elle te remet au monde
elle te demande pardon
La jeune femme avait accouché, la nuit du 9 au 10 janvier 1963, dans une institution religieuse bordelaise et s’était vu arracher le bébé – « volé », selon les termes de l’écrivain- sans espoir de jamais le revoir.
Un drame déjà évoqué voici cinq ans, dans Dix-sept ans, (Eric Fottorino, août 2018 – Chronique sur ce site ) sous forme d’une longue et poignante lettre adressée à sa mère
Le tour épistolaire demeure, cette fois adressé à sa soeur, et revêt la forme d’un long poème en prose, construit de strophes espacées, de questions, d’enquête , de quête et de l’urgence vitale de retrouvailles à trois
Qu’est devenue l’enfant, vit-elle toujours ?
Comment se prénomme-t-elle?
je compte les jours depuis
qu’on vous a coupées en deux
maman et toi
toi et maman
A « Harissa »,la soeur qu’il n’a jamais eue mais qui a réellement vécu, contrairement au frère de Maxime Leforestier, Eric Fottorino, tend les clefs de son passé, de leur complicité et de sa destinée
c’est aujourd’hui c’est maintenant
le train de maman a quitté La Rochelle
le tien a quitté Montauban
le mien Paris
Apolline. Elter
Mon enfant, ma soeur, Eric Fottorino, roman, Ed. Gallimard, septembre 2023,288 pp