Il est un roman qui fait couler beaucoup d’encre et de bile en cette rentrée littéraire
Il ne vous aura échappé qu’il s’agit d’Orléans de Yann Moix, par lequel l’auteur règle ses comptes, la haine qu’il porte à ses parents, fustigeant la cruauté perverse dont il ont assaisonné – assassiné- son » éducation » .
La Folcoche de Vipère au poing – as la mère d’Hervé Bazin fait aveu de tendresse face à celle de Yann Moix..
Nous n’allons pas entrer dans le débat de la véracité des faits – certaines scènes dépassent tout bonnement l’entendement , mettent à rude épreuve la crédulité du lecteur . Bornons-nous à constater que le romancier convoque ses géniteurs en un duel de déni d’amour, et que ce dernier prend le tour d’une narration…. diantrement bien écrite.
Se non è vero, …
Consacrée aux sévices qui ponctuent son quotidien de jeune garçon , la première partie du roman, s’intitule » Dedans ». Elle évoque, dans le même temps, la découverte salvatrice de la lecture et la passion contractée pour Gide, Péguy, Céline, Ponge, Joyce et Grainville ….
« Gide, certes, était mort en 1951, après quoi il avait dû pour d’obscures raisons marquer une pause ; puis il était né une seconde fois, en 1968, avec moi, et poursuivait son chemin vital dans un enfant – il revivait en moi tandis que je survivais en lui »
La seconde partie , » Dehors » -de moindre qualité litéraire, à mon sens -nous emmène en son école, au coeur de ses premiers émois amoureux et d’une « graphomanie » corrolaire que l’auteur décrit avec une autodérision assez désarmante
Ains en va-t-il d’une certaine correspondance amoureuse :
« Qu’importe, je continuai, m’abîmant dans la quantité ; elle reçut, contre son gré, contre son goût, mille salves amoureuses. J’étais entré dans un univers imaginaire, créant un lien artificiel avec une femme qui (elle devait le ressentir avec effroi) n’avait été, en réalité, qu’une fille collectée au hasard, arbitrairement choisie, selon le seul critère, absurde, de l’apparence physique. »
La vie e sert parfois de pré-texte à des envolées qui n’ont plus de rapport avec la réalité des faits
Apolline Elter
Orléans, Yann Moix, roman, Ed. Grasset, août 2019, 272 pp