« Moi,j’attends de voir passer un pingouin, cette phrase qui m’habite et semble dépourvue de sens est un mantra pour desserrer l’étau. Entendant ou lisant ces syllabes absurdes, les hommes épris de sérieux, les représentants de l’ordre et de la loi, leurs amis, leurs alliés, les rédacteurs en chef, les directeurs commerciaux, les financiers, les responsables de tout acabit haussent les épaules et passent leur chemin.
Nous voici tranquilles. »
De facture avenante, fraîche et (apparemment) candide, le nouveau roman de Geneviève Brisac crie ces révoltes répétées du quotidien, qui sous la plume de l’écrivain prennent subtilement un tour existentiel.
Entamant avec le lecteur une conversation à bâtons rompus pétrie de références livresques, d’observations linguistiques, psychologiques, philosophiques, zoologiques…la narratrice prend à témoin une galerie de personnages courageux et marquants, tels Walter Benjamin, Rosa Luxembourg, Rosa Bonheur, Doris Lessing, Virginia Woolf …et s’interroge sur les lignes directrices de nos existences terrestres.
La conversation est coupée de dialogues terre-à-terre avec Céleste, la femme de ménage et de requêtes de Nelson, son fils, qui manifeste ‘la sagesse inquiétante des enfants qui ont pris tôt l’habitude de veiller sur des grandes personnes fragiles. »
Conclu d’un autoportrait poignant, ce petit livre sincère et charmant propose plusieurs niveaux de lecture, nous invitant, si bon nous semble, à suivre l’écrivain en son émouvante fragilité.
Généreuse Geneviève Brisac.
AE
Moi, j’attends de voir passer un pingouin, Geneviève Brisac, roman, Alma Editeur, avril 2012, 108 pp, 13,8 €
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