« Je dois tourner la page. Chaque jour je tiens bon en me citant cette magnifique phrase de Tahar Ben Jelloun que je connais par coeur: « Le silence de l’être aimé est un crime tranquille«
Tandis que la rentrée littéraire se déploie sagement, survient un livre, témoignage de vie, d’amour-passion délétère et déçu, qui suscite engouement, curiosité, perplexité et lynchage médiatique. Nous l’avons lu, pour vous, pour nous, pour nous faire une idée et avouons-le, cerner la personnalité ambigüe de François Hollande.
Autopsie d’un amour – fou – et d’une liaison de 9 ans, chronologiquement établie entre le jeudi 14 avril 2005, jour du fameux « baiser de Limoges » et le samedi 25 janvier 2014, qui d’un communiqué officiel de « 18 mots glacés » annonçait la fin de la vie que partageait le chef de l’Etat avec Valérie Trierwieler, le récit de la journaliste a des accents indéniables de sincérité. La sobriété du style, son côté factuel rend crédible le propos mais il outrepasse le devoir de réserve attaché à sa fonction d’ex-Première Dame et à l’exercice même de la fonction présidentielle.
Propension presque maladive au mensonge, fourberie, lâcheté masculine, froideur, insensibilité., cynisme.. entachent le portrait de François Hollande dans toutes ses relations; le mépris foncier qu’elle lui prête vis-à-vis de la pauvreté – songeons au fameux passage des « sans dents » relayé en boucle par la presse – scie l’édifice de son action politique.
Elle n’avait pas le droit. Tout simplement.
« Il m’est apparu comme une évidence que la seule manière de reprendre le contrôle de ma vie était de la raconter. »
Et à la fois, on peut comprendre que minée par cette relation, dont elle impute l’enfer, la destruction à l’élection présidentielle de François Hollande, elle éprouve le besoin – cathartique – de mettre les faits à plats, d’humaniser un autoportrait, fameusement malmené. Méchanceté de certains membres de son entourage, calomnies, trahisons répétées semblent avoir eu raison de sa réserve. Cécilia Attias répondait au même besoin, qui publiait, fin 2013, Une envie de vérité (billet de faveur en vitrine du blog); elle le fit avec une élégance innée et un total respect pour l’homme politique qu’est Nicolas Sarkozy.
Puisse cette relation des faits libérer totalement Valérie Trierwieler et lui permettre de magnifier cette humanité qui se dégage de son récit, son amour pour ses trois fils, son respect pour Denis Trierwieler, son deuxième mari dont elle garde le patronyme, pour la famille, modeste et digne dont elle est issue, et une générosité qui ne demande qu’à se déployer.
« Je reconnaîtrais l’odeur de la poussière des livres qui ne sont pas sortis des rayonnages depuis des lustres. Elle est là ma madeleine de Proust, il est là, mon parfum d’enfance. »
Puisse-t-elle se donner pleinement au goût de la lecture, dont elle nous offre de belles, intéressantes chroniques dans Paris-Match.
Puisse ce récit – et c’est sûrement un de ses desseins – mettre en garde la jolie Julie contre certains serments d’hypocrite.. puisque Valérie Trierwieler affirme qu’à l’heure où elle écrit ces lignes, elle est harcelée de textos repentis, amoureux de son ex-compagnon..
AE
Merci pour ce moment, Valérie Trierweiler, témoignage, Ed. Arène, sept 2014, 320 pp
Commentaires récents