» La poésie, c’est peut-être ce qu’on écrit quand on n’arrive pas à pleurer comme les autres »
Le seul repère, seul rempart contre la guerre civile qui sévit à Beyrouth en ce début des années ’80, c’est cette main géante que tend le père de la narratrice, quand il vient la chercher à l’école
La fillette ne veut pas pleurer, noie son angoisse dans l’ingestion alimentaire son père tente de donner le change à grands coups de boutades..
» Peu importe la substance que j’ingère, il faut que ce soit en quantité suffisante pour tasser bien au fond, bien profond, toutes les larmes qui veulent sortir »
Introduit, comme par effraction, dans ce roman à deux voix, celles , superposées, d’un père et d’une fillette de six ans, qui tentent de se préserver mutuellement, le lecteur perçoit d’emblée l’ampleur du drame qui se trame.
Et les protagonistes d’écrire Sisyphe pour tenter de le tuer
Pour aviver belle et intacte la tendresse qui les lie.
Mais cela ne suffit pas et à 12 ans, la jeune narratrice débarque à Paris, où elle emménage avec sa mère et son jeune frère
Elle affrontera insidieusement cette » boule » qui ne quitte pas sa gorge – ni celle de son père – et le drame identitaire que vivent tous les exilés.
Un premier roman, à haut pouvoir d’émotion
Il a été salué par la Fondation de la Poste, lauréat du prix » Envoyé par la poste »
A Elter
Mauvaises herbes, Dima Abdallah, roman, août 2020, 240 pp