Et ce fut un scandale.
Anéantie par le décès accidentel de son mari, Pierre Curie, le 19 avril 1906, Marie trouve quelque réconfort auprès de Paul Langevin, disciple du couple, son cadet de quatre années. Mais ce dernier est marié – à l’épouvantable Jeanne Desfosses – prisonnier d’une belle-famille qui orchestrera le lynchage médiatique des amants, fin 1911 et le procès auxquels leur liaison les aura exposés.
Traçant avec brio le portrait des protagonistes, Irène Frain reconstitue la relation entre la célèbre scientifique, d’origine polonaise, « reine de la radioactivité« , doublement nobélisée et l’illustre physicien, non au départ des lettres d’amour incriminées – depuis lors, détruites – mais à partir des carnets de compte de Marie Curie conservés par leur petite-fille commune, Hélène , Langevin-Joliot. Véritables baromètres de cette passion amoureuse, les dépenses de Marie sont scrupuleusement consignées, balisant, rassurantes, ces surplus d’émotions qu’elle peine tant à gérer.
Et c’est sans doute la grande valeur de ce travail d’investigation, de reconstitution historique: la biographie perce, sous le faciès impassible, contrôlé de la scientifique, la fragilité de la femme, sa détresse, sa naïveté, mais aussi sa passion amoureuse.
Une enquête brillante, déployée d’une plume qui ne l’est pas moins.
Apolline Elter
Marie Curie prend un amant, Irène Frain, essai, Ed. Seuil, oct. 2015, 360 pp
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