Notre rubrique épistolaire hebdomadaire, se dotera, janvier durant, des relations d’une singulière correspondance

Celle qui lie la baronne Nadejda Von Meck  (1831-1894) une richissime veuve russe au compositeur tout aussi russe mais nettement moins fortuné,  Piotr Ilitch  Tchaikowski (1840-1893)

Leur relation et correspondance publiée dans la seule langue russe  (3 volumes ) font l’objet d’un ouvrage passionnant, signé Henri Troyat; La baronne et le musicien (Ed Grasset 2003)

Je vous en  recommande  la lecture .

Fraîche veuve et mère d’onze enfants; Nadejda von Meck n’a d’autre plaisir sensuel, en ce troisième quart de XIXe siècle,  que de caresser son clavier.

Las, elle est piètre compositrice et jette son dévolu sur le génie d’un jeune compositeur, dont elle a découvert  La Tempête  et quelques mois plus tard , en mai 1876,  le  Premier concerto pour piano en si bémol mineur  interprété par Serge Taneïev . Vous vous doutez que le compositeur se nomme Tchaikovskik lequel accepte les commandes  de compositions musicales que la baronne lui adresse.

Enhardie par ce succès, la baronne va proposer une rente à Tchaikovski, afin de garantir à son génie  son plein et serein développement, hors de toute tracasserie financière.

Elle s’immisce de la sorte dans la vie privée du jeune homme et se mêle de lui dispenser des conseils, au gré d’une correspondance bien fournie, qui s’octroie les codes d’une passion amoureuse.

Mais c’est de l’artiste que la baronne est éprise ; elle enjoint à  leur relation de ne jamais s’incarner, traduisez,  elle refuse à Tchaikovski  toute rencontre en chair et en os ..

Le contrat faillira par deux fois, .. à la grande liesse de cette bienfaitrice très particulière, au physique assez ingrat..

Pas de doute, cette relation ne manque pas de saveur; nous produirons quelque extraits de missives  les prochains mardis…

Apolline Elter

 La baronne et le musicien, Henri Troyat,  essai, Ed. Grasset, 2003