La pluie tombait, tiède et fine. Elle tirait sa petite valise à roulettes dans les flaques, sur le bord de la route; ses pieds étaient nus; ses joues noires de crasse. Le délire l’avait menée vers les rivages salés de son enfance, l’aveuglante lumière du Sud. À toutes les personnes qu’elle avait croisées ce jour-là, elle avait demandé: Babylone, c’est encore loin?
Ains’Incipit un roman poignant.
Sa lecture ne vous laissera pas de marbre.
Aînée d’une fratrie nombreuse – constituée de seuls garçons – Majda subit, à l’entrée de l’adolescence, les persécutions de son entourage, puis le viol perpétré par une bande amie de son frère Aziz. Aussitôt, elle en est salie au regard des autres et le sien .Sa vie ne sera dès lors qu’une tentative de fuite – par les études et une maîtrise en sociologie – d’oubli, « suite vertigineuse de petits hauts et de grands bas. »
Des crises de délire vont se succéder qui lui vaudront de retourner – en ce torride mois d’août 2014 – chez ses parents. Brave couple maghébin, Fouzia, tunisoise, et Ahmed algérois, venus s’établir dans le sud de la France dans les années soixante, se sentent désarmés face à la déchéance de leur fille …
Le roman est court, qu’importe : il est dense. L’’écriture, puissante, fait vivre et vibrer les scènes poignantes, transpirer l’instant, la souffrance.
Un roman remarquable
Un deuxième roman…
Apolline Elter
Majda en août, Samira Sedira, roman, Ed du Rouergue 2016, 138 p
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