Les écrits de Sophie de Ségur, née Rostopchine (1799-1874) convoquent notre regard adulte.

Tel est le propos de l’essai passionnant que consacre Caroline Eliacheff, psychanalyste, pédopsychiatre, à l’auteur-phare de la bibliothèque rose.

Opérant une relecture intégrale de toutes ses publications, des célèbres Malheurs de Sophie, Petites filles modèles, Vacances, François le Bossu, Soeur de Gribouille, Caprices de Giselle, Quel amour d’enfant, Général Dourakine,… la jeune arrière-grand-mère les confronte à la biographie de la comtesse, son enfance russe, ses relations à ses parents, au catholicisme barbare, intransigeant de sa maman, sa vie d’épouse trompée, de mère attentive, grand-mère aimante et y décèle une série de thématiques étonnamment actuelles.

« Il me semble que la comtesse de Ségur fut la première mettre en scène les sévices infligés aux enfants directement par leurs parents, quelle que soit leur origine sociale. »

Une conception de l’enfant – sujet plutôt qu’adulte en miniature – que ne renierait Françoise Dolto

« En montrant les effets bénéfiques d’une éducation sans violence, et les conséquences néfastes des perversions parentales, la comtesse de Ségur est en phase avec nos idéaux actuels. »

Cette profonde et bienveillante incursion dans l’univers ségurien invite également la psychanalyste à parcourir sa propre enfance, évoquer ses relations avec ses ascendants et en particulier, Françoise Giroud, sa maman.
Elle nous donne l’envie furieuse de relire une bibliothèque qui nous a construits … et continue son œuvre.

Apolline Elter

Ma vie avec la comtesse de Ségur, Caroline Eliacheff, essai, Ed. Gallimard/ coll. « Ma vie avec », septembre 2021, 144 pp