C’est une longue, tendre, magnifique, déconcertante lettre d’amour, d’hommage posthume que l’écrivain adresse à » Fanou »‘ sa mère, Stéphane Sauvage, un temps Jardin, encore (bien) vivante. Pour ce faire, il emprunte à l’un de ses trois zèbres, Sacha Guitry, le titre d’une de ses pièces , l’adapte en mode maternel et entreprend de faire le tour – reconnaissant – de l’imparable et fantasque héritage de liberté mentale que lui lègue sa mère.
« Peut-être est-ce cela, éduquer ses enfants? Les rendre fous de vie. »
Découvrant le portrait de cette femme-question, livre ouvert, arsenic séduisant, instinctive, sensuelle, exorbitante, délirante d’intrépidité, d’infini, de contradictions, en guerre ouverte contre la mesquinerie, la demi-vie, … le lecteur réalise qu’un enfant ne peut émerger indemne de pareille filiation . D’autant qu’il se souvient que du côté de Pascal Jardin, le « zèbre », son père, le terrain n’est pas triste non plus.
» Vivre, c’est ne pas finir de naître. Voilà pourquoi je t’aime tant d’être suprêmement inconfortable.
Plutôt que déplorer le « vide gelé » , l’absence répétée que Fanou – éternelle amoureuse – imprime à son enfance, son éducation, Alexandre Jardin célèbre l’appétit de vie, l’intransigeante authenticité dont cette femme hors normes irradie son entourage.
« La mesquinerie n’était pas notre horizon »
Nous l’avions soupçonné…
Touchant, sublime, lyrique, l’hommage que l’écrivain rend à sa mère est pur enchantement.
Puisse cette dernière vivre follement encore bien longtemps, tant il est dit que
» Ta mort, je ne veux pas m’en remettre »
Ma mère avait raison, Alexandre Jardin, hommage, Ed. Grasset, oct. 2017, 216 pp
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