« Aujourd’hui, je n’ai perdu personne, sauf peut-être la vague idée que je pouvais me faire de moi-même »
Le roman est sombre, d’une amertume tranquille et noire, qui trace l’origine des larmes de Paul Sorensen, le narrateur, 51 ans : la mort à sa naissance de Marta Sorensen, sa mère et de son frère jumeau. Du père qu’il lui reste – Thomas Lanski – Paul ne connaît qu’abjection, « infectitude » si le mot pouvait exister. Un véritable monstre de perversion paternelle et conjugale. A ses côtés, le père de Sorj Chalandon ( Profession du père, Ed. Grasset, 2015) fait figure d’enfant de choeur.
Quoi d’étonnant que Paul tire à bouts portant sur le cadavre de ce dernier.
Détonnant. Mais formellement proscrit auprès de la Justice canadienne de 2031. Paul est passible de prison pour homicide sur cadavre. Il voit sa peine allégée de sursis et de l’obligation d’une cure psychiatrique d’une année.
Et c’est ainsi que le récit va s’égrener des séances chez le docteur Frédéric Guzman et la relation des sévices mentaux effroyables perpétrés par son père.
Frère d’un Meursault dans l’esprit de l‘Etranger d’Albert Camus – et digne de sa plume – ou de celui que Maxime Le Forestier n’a jamais eu, Paul Sorensen nous inonde nous aussi de cette émotion par trop contenue
A Elter
L’origine des larmes, Jean-Paul Dubois, roman, Ed.de L’Olivier, mars 2024, 256 pp – Ed Cascades, mars 2024, texte intégral lu par Florent Cheippe, durée d’écoute: 6h 34 min.