Visage et voix bien connus des téléspectateurs de France 2- elle est grand reporter au service du Journal télévisé- Maryse Burgot est envoyée sur tous les fronts. Sensibles. Dangereux. Potentiellement mortels.
Animée d’une vraie passion pour son métier, elle l’exerce avec intégrité depuis près de trente-cinq ans. Son mantra, sa ligne de conduite: informer au plus près de la réalité, laissant au téléspectateur le soin d’établir son propre jugement.
Si elle enchaîne, depuis ces nombreuses années, les déplacements fréquents, longs, inopinés, aux quatre coins de la planète- Inde, Kosovo, Irak, tsunami de Thaïlande, Ukraine, Israël, … , Maryse Burgot occupa aussi le poste de correspondant permanent aux USA, à Londres, à Paris . qui lui valut quelque stabilité dans la gestion de sa vie de famille.
Rien ne prédisposait cependant la fille d’agriculteurs bretons, fluette, dotée d’une voix peu radiophonique – elle l’a travaillée d’arrache- …cordes (vocales) – et désormais mère de deux garçons à exercer ce métier qu’elle « aime démesurément » . Viscéralement.
« Grand reporter, oui. Reporter de guerre, parfois. Reporter tout court, souvent. Mais aussi et surtout, mère »
Envoyée en Inde en 1994 pour rendre compte de l’épidémie de peste qui y sévit, Maryse Burgot y contracte le « virus du grand reportage » – Entendez celui d’être au coeur battant des événements et du monde
« Et ce n’est pas une question de kilomètres. Le grand reportage se réalise parfois au coin de la rue, sur un rond-point avec les Gilets jaunes ou dans un Ehpad pendant la pandémie de Covid. »
Des reportages, des rencontres humaines tous azimuts effectués avec tact, humanité; Et c’est cela, je pense, la grande leçon de ce témoignage: Maryse Burgot ne se pose pas en conquérante – elle capte la réalité des scènes – la plupart tragiques – auxquelles elle est confrontée, aux côtés de son équipe – en aborde les témoins, victimes, avec empathie et un respect qui force le nôtre- il peut lui arriver de renoncer à un entretien par simple égard pour la personne qu’elle voulait interroger
Soutenue par la chaîne qui l’emploie – France Télévisions – la journaliste met un point d’honneur à poursuivre ses missions en Ukraine – une douzaine déjà à son compteur – malgré « la forme de lassitude qui s’est installée » :
« Il m’est inimaginable de renoncer. Je veux être présente pour la suite des événements et témoigner jusqu’à la fin de l’histoire. Assister aux négociations de paix qui se tiendront un jour dans je ne sais quel pays européen. »
Et d’ajouter: « Alors c’est à nous, journalistes, de trouver les histoires qui vont susciter la curiosité de notre public »
Vous l’aurez compris: je vous recommande vivement la lecture de ce témoignage sociétal, universel, qui relate sans langue de bois les rouages et enjeux du métier de grand reporter, ses doutes, ses failles, imprégnations, les leçons à tirer des événements et lui confirme ses lettres de noblesse
A mettre entre les mains, sous les yeux de tous les aspirants aux métiers d’information
Apolline Elter
Loin de chez moi, Maryse Burgot, essai, Ed. Fayard, octobre 2024, 342 pp