» Nous y voilà, me suis-je dit. L’océan dans la rizière de grand-mère Kiku… » Pourtant, là où nous nous trouvions, nous étions certainement à l’abri, si loin de la pleine mer. J’essayais de me rassurer mais mon estomac s’est mis à gargouiller. Enfin, au bout d’un temps qui a paru durer une éternité, le grondement s’est atténué, le frisson de la terre s’est apaisé et un silence impressionnant est tombé, seulement perturbé par le grincement des structures du lycée, celui des pylônes qui ont continué à dodeliner mollement et, au loin, les sirènes des voitures de pompiers, de police et des ambulances. Nous nous sommes relevés, hébétés. »
Revivant l’apocalypse du 11 mars 2011, en ce Japon où il vit depuis plus de trente ans, Richard Collasse se glisse dans la peau de Sakai Sosuke, un jeune homme de 17 ans, de son amie Aoi, tragiquement emportée par l’assaut des flots et nous livre un cahier chronologique détaillé de ce mi-mars maudit.
Parti à la recherche des siens, aidé par des services de secours qui tentent tant bien que mal de s’organiser, dans un territoire désormais dévasté par le tsunami, Sosuke fait la connaissance d’Eita, un sien cousin, promu narrateur de la seconde partie du roman. Le ton de la narration se fait alors autre, incisif et tonique, à la mesure de la différence de mentalité qui sépare les cousins.
Le récit se fait alors (très belle) quête de vie.
Apolline Elter
L’océan dans la rizière, Richard Collasse, roman,Seuil, mars 2012, 336 pp, 20 €
Commentaires récents